Cela fait bien longtemps que je n’écris plus au quotidien dans ce qui est à l’origine de ce bloc-notes poétiques, son journal. Cette année, dans la dynamique de ma résidence d’écrivain j’ai essayé de me concentrer sur Liminaire et d’y regrouper mes podcasts Page 48 (encore un peu de travail à faire) et Radio Marelle (travail achevé), de diffuser deux textes sur Publie.net, Deux temps trois mouvements et Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture et de diriger les deux numéros annuel de la revue de création d’ici là sur Publie.net également, avec ce pari gagné avec la sortie du numéro 6 de la revue de création d’ici là, revue écran véritablement numérique et multimédia. L’année prochaine, en 2011 un projet d’envergure dont la résidence m’a permis de poser les bases et d’en commencer l’écriture : Les lignes de désir.
Ce texte reprend le principe d’écriture du texte Deux temps trois mouvements diffusé sur Publie.net. Qu’a-t-on écrit ce jour du 23 décembre, entre 2005 et 2009 ? Qu’est-ce qui change avec le temps qui passe ? Qu’est-ce qui perdure ? Comment évolue notre écriture et le regard qu’on porte sur le quotidien ?
C’est la quille, m’écrit Caroline. Ce soir, retour des filles à la maison, toujours une pincée au cœur, pointe de sel. De quoi je me mêle ? Notre petite exhibition (reprenant sa marche en riant) comment dire ? (Il se passe la main dans les cheveux.) De temps en temps, je lis dans les journaux (LA CAMERA S’EFFACERA PROGRESSIVEMENT au passage des deux hommes). On a parlé, parlé, parlé. Labyrinthe dont on sort seul sans même chercher l’issue. Le mot juste au détours d’une phrase.
Désirs et inquiétudes sur un bout de papier. Un romancier populaire. Créer un autre personnage, mon entreprise n’est pas essentiellement difficile. Par ailleurs, la vitesse des images varie. L’ajout de fondus enchaînés génère des perturbations supplémentaires pour la mener jusqu’au bout. Sans nous éloigner d’un pouce de nous-même. Et en inversant qu’en apparence les rapports. Et comme sa voix dans cette phrase exceptionnelle. Mais le présent, comment le vit-on et qu’est-ce que c’est ? Il y a quelques soirs, plutôt impossibles, soit dit en passant. Ainsi redoublons-nous sans fin dans l’effusion réciproque, et des deux, c’est ma voix qui s’étrangle en descendant l’escalier. Mais il l’écarte le trouvant trop facile. L’éponge, sa capacité de sommation spatiale. En fonction de ce personnage. Le triangle est en rotation.
J’ai cherché ça, toute la journée. Dans laquelle s’engouffre un petit trouble passager. La sensation d’avoir déjà vécu un événement ou une situation présente, d’avoir déjà connu une personne qu’on voit pour la première fois, entendu prononcer à l’identique la phrase qu’on vient de prononcer devant vous. A peine en ressent-on le poids en silence, rumeur avec toi qui viens ce soir sans un bruit, silhouette dans la montée. Voir se superposer l’alors et le maintenant, l’ici et l’ailleurs, dans un court-circuit qui annule non seulement l’écoulement du temps, mais jusqu’à son annulation même. Les mots les idées la moindre pensée. Balayeurs de l’âme humaine. Se rapproprier cette’’ nouvelle vague’’, qui est plus qu’un libelle : C’est déjà ça, déjà ça.
Tourner autour des évidences. Oui, je crois que tel est le secret. La nuit s’impose dès l’après-midi. Ce que j’en dis : pense large. ils veulent notre fin, ils veulent que nous disparaissions sous la lumière qu’ils vont diffuser dans le monde entier, la Grande Transparence, comme ils l’appellent. Il est là l’usine à fantômes qui nous rêve tous mais aussi ailleurs. Tout peut casser, tout peut se réparer. La succession des opérations n’est qu’un stratagème d’exposition. Tout se déroule simultanément. Tandis que dure l’ombre de la nuit. Y compris et surtout de son propre bonheur. Et là, une fois encore, tout redevient méconnaissable. Évidemment, je n’ai rien trouvé.
Vivre est une chose, découvrir le langage afin d’exprimer la vie en est une autre. C’est encore de la disparition dont il est question. On ne peut s’empêcher de souligner, encore, l’absurdité du mot. On n’est pas seul dans sa tête. Lambeaux de pensée, expressions, bouts de phrases embrouillés en une polyphonie éclatée entremêlée de sons, de musiques, de chansons tronquées comme des souvenirs confus. Puisque c’est l’oubli ramasser le mots dans ma bouche, rien du vent.