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Au jour le jour #21

XXI

Départ d’Erbalunga en bus. Journée à Bastia. Le ciel se lève peu à peu. Traversée en bateau. Chaleur sur le pont. Avec Caroline nous filmons le départ du port. Toujours cette émotion de voir l’île s’éloigner lentement. Sur la pointe du Cap Corse, l’Île de la Giraglia. Un rideau de pluie d’une incroyable densité. À travers les nuages, le soleil colore l’horizon des couleurs de l’arc en ciel.

Arrivée à l’aube sur Marseille sous la pluie. Ciel orange et gris. Petit-déjeuner au Dugommier. Nous déambulons à travers les ruelles taguées du Cours Julien. Café interrompu par un vieux mufle vicelard dont la vulgarité des propos sexistes nous pousse à partir, sans lui avoir dit le fond de notre pensée. Nous filons vers Longchamp. La chaleur monte. Train pour Paris. Lecture.

Reprise du travail à la bibliothèque. Réunion. Au début, c’est comme une distraction nouvelle. Les deux paquets de canistrelli rapportés de Corse pour mes collègues disparaissent dans la journée. Douceur de l’air dans la lumière du soir.

Coup de fil à Mathieu Brosseau pour la mise en place de notre formation sur les ateliers d’écriture. Après l’ensauvagement le « processus de décivilisation » de la société française. Vous ne pensez plus à rien, vous faîtes le vide.

Assis au soleil sur les marches de notre immeuble, un jeune homme discute avec son interlocuteur au téléphone en visio. Comme il lui ressemble, l’impression qu’il se regarde dans un miroir et parle avec son reflet. Rendez-vous avec Mathieu à la bibliothèque Violette Leduc. Nous élaborons ensemble une formation sur les ateliers d’écriture. Notre conversation digresse vers la notion de genre. Club sandwich en terrasse des funambules. Je rentre à pied. Sur le chemin, l’éventaire d’une librairie d’occasion, un livre de Mathieu. Ces mots au téléphone : Toujours est-il que voilà.

Montage du journal du regard. Une quarantaine de minutes d’images. Reprise du manuscrit. Du mal à me concentrer. Je voudrais me promener au soleil. J’improvise en forme de compromis un espace de travail fenêtre grande ouverte sur le jardin. « Creusant l’esprit comme une terre en laquelle on sait qu’un trésor est coincé. » Vendredi c’est sushi !

Nous mangeons avec Anne et Nicolas à la crêperie Rond, à Belleville. Il fait trop chaud en terrasse, nous mangeons à l’intérieur. Le souvenir d’un visage disparu est-il la forme de l’oubli ? Le gouvernement veut installer des « sas d’accueil temporaires régionaux » pour transférer avant les Jeux Olympiques des sans-abris de Paris aux régions. Une voisine nous rapporte du pain de Carolles que son neveu fabrique. Il publie par ailleurs des livres pour enfants et des polars.

Au jour le jour : bloc-notes quotidien

Montréal, le 26 mai 2017

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