Chaque jour, un film d’une minute environ, chaque lundi, la compilation du journal vidéo de la semaine précédente, et le texte qui s’écrit en creux.
« Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” »
Jorge Borges, Fictions
Je tourne le dos au soleil. À l’intérieur s’ouvre quelque part un trou noir. L’image manquante est une image désirante qui engendre ensuite un film.
L’ordre des choses semble bouleversé. C’est tout le paysage qui change. Comme un sourire qui enrobe toute la ville. Le lieu où l’on peut être qui l’on veut, où l’espace et le temps n’ont plus cours, où les horloges sont arrêtées ou déboussolées, un lieu où l’on communique par les corps.
L’écriture a ses propres critères de temps. Elle envahit tout, on ne la laisse pas, comme c’est le cas ailleurs, entre parenthèses. Des nuages et le cri des foudres, cet ultime jeu du ciel. Une fois encore.
D’où peut-il donc venir alors que tout le monde ne cherche qu’à avancer ? Tout là-haut, dans les nuages, les gouttes de pluie dégoulinent sur nos fronts rougis par l’effort, tandis que de nos mains s’échappent les derniers pinceaux du vertige. Je suis venu sans un mot mais comblé d’images et de sons.
Absorber le temps qui se résorbe en nous. La fatigue et la mélancolie, le noir et le vertige. Ce qu’on n’a pas dit, ce qu’on voulait dire, ce qu’il aurait fallu dire.
Le temps ne se laisse pas entraîner. Attendre la pluie. Et quand la pluie est là, dans l’abri de la chambre ou sous un porche, en rêvant de l’été, en mémoire de l’hiver. Une façon d’être. Toujours en avance d’une saison. Il faut savoir anticiper. Apprendre à tenir. Parer au moins pressé.
Vivre à hauteur d’inouï. Tout en nous est mouvement. Faut-il faire semblant de s’étonner ?