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Au lieu de se souvenir

Chaque jour, un film d’une minute, chaque lundi, la compilation du journal vidéo de la semaine précédente, et le texte qui s’écrit en creux.

« Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” »

Jorge Borges, Fictions

Le véritable ennemi, c’est la répétition. Il faut habiter l’instant. Être là, très là. être présent. Et quand l’espace manque, il faut faire preuve d’imagination. Sortir, marcher, partir à la dérive. Sortir de soi. Mais un peu plus tard ça pourrait changer. Évoluer avec cet indice. Cet état des lieux.

Démarche traverse, entre bifurcations, traces et impensé. Sur un rythme parfois ordonné, parfois syncopé : épreuves conceptuelles sans terre promise au bout du périple. Continuer à avancer sans savoir précisément où, ou faire de le savoir. On y va, on y va.

Je monte presque tout ce que je tourne. Il y a peu de déchet car je réfléchis beaucoup en amont pour aller droit au but. Ce qu’on déchiffre suffit quand même à dire l’excès, dont il s’agit. Nous avons perdu tellement de choses... Avec rigueur, avec méthode.

Il n’est pas question d’atténuer la division, aussi conflictuelle soit-elle, mais, bien au contraire de porter au plus haut point les zones de tension et de rupture. On peut encore attendre un peu. Le mouvement se rencontre et ne se rencontre pas. L’après est aujourd’hui même, dans la sensation grisante.

« Le regard nous fait oublier ce qui reste dans ses marges, et qui est le monde entize, la vie entière. Le regard prolonge naturellement notre corps jusqu’au bout du monde, et le monde, qui n’a pas de bout paraît tout aussi naturellement se limiter à un point de vie. »

Le journal du regard, Bernard Noël

Tout conduit à la couche sur laquelle l’envie parvient à se satisfaire. Comme une écharde dans ma chair. Manière de faire face au chaos, de me comprendre dans ce monde. Et aujourd’hui c’est vous qui m’évoquez ici celles de là-bas.

Les paroles en l’air on en prononce tant, les garder en mémoire, c’est un beau mobile à venir. Toutes celles qui n’étaient pas’’ vraies’’ puisque nous nous lassions de les porter en nous. Je les regardais sans en croire mes yeux : leurs visages étaient transfigurés par la musique. Ils revenaient à eux-mêmes. Des mots comme une main tendue.


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