| Accueil
Au lieu de se souvenir (Semaine 27 à 31)

Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux.

« Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ».

Jorge Luis Borges, Fictions


On est plongé en permanence dans des couleurs des vagues et des paysages, c’est prodigieux d’ailleurs cette façon de décrire la couleur blanche, on est porté par l’air, le vent. La même lenteur que la chute des flocons. Ces mêmes sons étouffés, ce cocon enveloppant. Stupide sourire d’étoile. C’est l’échelle qui crée le phénomène. La contorsion du retard. Une perte, cette fuite. Et dans sa nuit profonde, elle produit bien quelques étincelles.

Des notes comme des cristaux qui fondent lentement sur la peau, une sensation croissante d’isolement, de repli sur soi. Et le vent qui siffle aux oreilles. Toujours le même tracé, visiblement la même inclinaison. Certains endroits ne sont pas dégagés et sont brillants de glace. Ces mêmes crissements des pas. Le rythme et la mélodie en sont le plus souvent absents, au plus esquissés. Et pourtant elles se déroulent dans une solution de continuité.

J’ai rendez-vous avec le dehors. Le chaos incompris. Le froid sur la peau, dans tout le corps. Un engourdissement étrange, inquiétant et agréable. Effort vain d’abolir l’intervalle. Le vent passe et ça ne fait pas toujours du bien. Le regard, lorsqu’il se précise sur de tels détails, devient l’organe des émerveillements. La distance creuse ces mouvements lointains. Il y a des zones de confluence. Je reste un peu sur ma fin. Attendez, j’ai les preuves.

S’extraire du silence, accomplir l’impossible. On voit, et de ce fait si clairement la vie s’enduire de douleur. Travail des forces et des matières. Ramasser les fétiches, les bribes pour donner le corps du moment inauguré le monument. Obscurité d’une nuit absente, lumière d’une pénombre perpétuelle. Lumière hors du temps, en boucle légère. La vie s’est attardée, c’est tout. C’est pourquoi nous voyons.


LIMINAIRE le 26/04/2024 : un site composé, rédigé et publié par Pierre Ménard avec SPIP depuis 2004. Dépôt légal BNF : ISSN 2267-1153
Flux RSS Liminaire - Pierre Ménard sur Publie.net - Administration - contact / @ / liminaire.fr - Facebook - Twitter - Instagram - Youtube