Un réseau de tunnels caché sous l’étendue de la ville qui n’est pas celui qu’on connait, avec ses bureaux, ses centres commerciaux, ses stations de train ou de métro et ses cinémas situés sous le niveau de la rue. Une ville sous la ville, une ville qui dédouble la ville. Une ville souterraine dans la partie la plus dense de la ville, dans son centre-ville. On sait encore très peu de choses sur ceux qui l’occupaient, et comment ils y vivaient, et comment ils considéraient et fréquentaient ceux d’en haut. Il a suffi d’une ouverture dans la brèche pour en découvrir l’existence, quelqu’un avait malencontreusement laissé ouverte une porte, une trappe permettant l’accès à notre monde qui aurait dû rester secrète. Et si on trouvait sous chacune de nos villes, une ville et son double souterrain ? Cette présence souterraine avec tous ces gens qui s’activent dans le chaos et la pénombre, vibrant sous nos pieds, mais peut-être est-ce nous qui vivons de l’autre côté de la ville, dans ses dessous ?
Chaque matin, fatigué au réveil, après une nuit harassante, une nouvelle fois, ne plus connaître son nom, cette idée même de nom nous est étrangère, un mystère troublant, oublier son adresse ne compte plus mais ne plus savoir où l’on est lorsqu’on est couché, entre ses draps tièdes, là oui, se sentir ailleurs, sans savoir où localiser cet endroit où l’on se trouve, cet envers de nous-même, ne plus savoir qui on est, ce qu’on a fait, ce qu’on a à faire, juste demander l’heure et le jour, pour se raccrocher, reprendre pied, s’il fait beau, ou froid, pour faire bonne figure, ne pas couler tout de suite, se donner une chance de trouver la sortie. L’issue est incertaine, mais il ne faut pas désespérer, la lumière chavire mais il fait encore jour. Ton sourire me permet de tenir, la douceur de ta voix, elle-même pas très affirmée, éveillée, instable, incertaine, est un point d’appui. Je peux m’en sortir, trouver la porte, l’ouvrir et m’en aller, pour aller mieux. Trouver le chemin à tes côtés.