« Faire ressortir l’âme sous l’esprit, la passion derrière la machination, faire prévaloir le cœur sur l’intelligence en détruisant la notion d’espace au profit de celle du temps. »
Montage, mon beau souci, Jean-Luc Godard
J’ai grandi debout devant la glace qui ne me renvoyait pas mon image.
J’entends retentir la sirène du départ.
Je remarque un trou dans le mur.
J’abandonne les chemins déjà parcourus.
Je signale un ciel pâle comme l’aube.
J’admire leur immobilité, leurs mouvements obscurs.
J’imagine un lointain royaume aboli.
J’anticipe le retour en silence, le sourire de pardon.
Je décide de rentrer à la maison.
Je constate que les heures finissent par se superposer, par être toujours la même dans le souvenir.
J’ai le sentiment que c’est comme au cinéma, les choses sont ce qu’elles sont et tu dois les accepter.
Je décide de faire irruption dans un ordre établi.
Je longe le sentier dans les ténèbres.
Je me rappelle comme on souffre quand on est incapable de regarder dans les yeux une petite fille qui se moque de vous.
Je connais cette logique, cette évidence.
Je regrette la solitude du couple au milieu de la foule.
J’anticipe le triste reflet de ton espérance.
Je dis les miroirs sont fidèles.
Je crois entendre un bruit de gifle, un bruit d’une indicible obscénité.
Je connais son air de dédaigneuse surprise.
Je balbutie avant de lancer mon dernier ordre.
J’adore l’incroyable obscénité de ses phrases.
Je m’épuise en lambeaux de pensées parmi tant d’autres sensations.
Je simule le vertige et la nausée.
Je demande d’un air gourmand.
J’arrive sans le dire avec la joie de l’espoir.
Je souffle dans un léger soupir.