« La forme d’une ville change plus vite, on le sait, que le cœur d’un mortel. Mais avant de le laisser derrière elle en proie à ses souvenirs - saisie qu’elle est, comme le sont toutes les villes, par le vertige de la métamorphose qui est la marque de la seconde moitié de notre siècle -, il arrive aussi, il arrive plus d’une fois que, ce cœur, elle l’ait changé à sa manière, rien qu’en le soumettant tout neuf encore à son climat et à son paysage, en imposant à ses perspectives intimes comme à ses songeries le canevas de ses rues, de ses boulevards et de ses parcs. »
Julien Gracq, La forme d’une ville, in Œuvres complètes tome 2, La Pléiade, Gallimard, 1995, page 771.