L’exposition à ciel ouvert L’eau qui dort, de l’artiste plasticien Michael Pinsky, met en lumière les dérives de notre société de consommation, de manière poétique et pédagogique, dans le cadre de la COP21. Elle est visible sur le bassin de la Villette, face à la Géode, jusqu’au 3 janvier 2016.
Habitant du quartier depuis une quinzaine d’années j’ai connu plusieurs vidanges du Canal de l’Ourcq et du Canal Saint-Martin. Tous les dix ans environ d’importants travaux sont entrepris sur ces voies d’eau fréquentées par des péniches mais aussi par quelques plaisanciers et bateaux promenades. Le canal est alors interdit à la navigation pour cause de chômage.
Longtemps considéré comme une poubelle par certains, une décharge invisible, le canal, au fil du temps, a été bordé de barrières et ses rives réaménagées. En conséquence, on peut encore trouver au fond quelques chariots de supermarché ou une vieille cuisinière, mais beaucoup moins d’automobiles.
Une équipe de plongeurs a tout de même retrouvé des vélos, des réfrigérateurs, des chaises de jardin, un lit pliable, une brouette, une barrière métallique, des panneaux de signalisations, et quelques caddies. ces rebuts ont été ensuite récurés par Michael Pinsky pour être exposés. Grâce à cette installation, ces ordures jetées par tous au fil des années dans les eaux du canal de l’Ourcq refont surface comme des lointains monstres des abymes, fantômes de notre société de consommation flottants au-dessus de l’eau.
La nuit, le site se transforme radicalement, renforçant la dimension fantomatique de ces pièces flottantes.
L’artiste nous confronte ainsi à ce que nous ne voulons pas voir, il agit positivement en nettoyant le canal et invite par la même occasion les riverains à la contemplation et à la réflexion. Pour que la question de l’environnement ne soit qu’une source de malaise ou de culpabilité mais une piste d’inspiration et une invitation à recycler.
Pour Breaking the Surface
, l’artiste avait fait de la musique avec tous les éléments repêchés. De même pour L’eau qui dort, l’’installation est accompagnée d’une bande sonore réalisée à partir de ces objets métalliques sortis des eaux. L’artiste a en effet réalisé un morceau diffusé autour de l’œuvre, à partir d’enregistrements réalisés en atelier par des enfants vivants à proximité du parc, jouant de la batterie sur les objets trouvés sous l’eau.
« Je veux créer plusieurs sources de son, explique Michael Pinsky, avec des haut-parleurs mais aussi avec les téléphones du public via mp3. L’idée est de créer un paysage sonore en trois dimensions autour de l’œuvre. C’est un morceau basé sur la première gamme pentatonique, ce qui fait que tout s’harmonise, et ce peu importe si les sources sont désynchronisées. Je joue avec l’écho suivant les sources, et ça devient une expérience sonore assez unique. »