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Arracher tout horizon comme toute assise, sans jamais les punir tels qu’à l’heure du Retour ils t’effacent.

Contre les préjugés du global, les mépris qu’ils engendrent, les déracinements qu’ils gèrent, sachons ne jamais oublier que, oui, il y a, il y aura toujours des territoires, des appartenances, des paysages, des langues, des espaces pétris de temps, voués à qui perdure, à jamais soustraits aux équations de la matière, du profit, du pillage, de la valeur, de l’usure, de l’aliénation : nos pensées, nos morts, nos contemplations...

Être heureux, laisser le monde se laisser l’être...

Fluide merveille de l’instant qui ne traque, ni n’efface, ni n’attend...

Si apprendre, c’est se souvenir, ne pas savoir n’est en fait qu’avoiroublié.

Il t’arrive quelquefois de te dire qu’il y a des déchirures dans le temps et que seul tu vécus ces jours, ces mers, ces mots, ces talismans, ces épées et ces ombres...

Les conditionnels qui nient sont toujours vrais parce que les prémisses sont fausses.

On n’écrit ni avec ce qu’on sait ni avec ce que l’on pressent, puisque les faits sont, comme toujours, bien en-dessous de nos offrandes.

Il n’y a pas d’au-delà de l’envol. Il y a l’envol.
Il n’y a pas d’au-delà de la nuit. Il y a la nuit.
Il n’y a pas d’au-delà. Il y a nous, les scories du monde.

Transparence des bonds, rafale endurcie, silence des débuts, mot des passes enfin épuisant l’envol, les clameurs, la maison aux présages, laboratoire dont tu arpentes les dons, où ton deuil même n’est que soif, appartenance, rougeoiement, denier de l’énigme...

Replier ce temps auquel les signes par trop pesants ont renoncé, lui qui te fuit sans te contraindre, qui te traverse sans te vouer aux visées de ce départ qui en fut sort jeté, débris se vautrant dans l’infirmité du monde...

Tu as si souvent raconté cette histoire que tu ne sais même plus si c’est d’elle que tu te rappelles ou alors des mots qu’il t’a fallu exhumer pour la dire...

Les vrais lieux sont ceux où l’on vous accueille sans rien demander, pas même d’y croire.

Ô des regards le seuil, aune de l’accueil, intercesseur du multiple...

Ne jamais s’éprouver greffier des dieux, de ce souffle persévérant dans l’inavoué qui les reçut en partage...

L’anticipation est réfractaire au devenir. C’est pourquoi soupeser le futur est la chose entre toutes la moins rassurée et rassurante - pour qui s’y prête. Tu n’en fais pas partie.

Oisivement jeune ruse du cercle...

Pourquoi le sujet aurait-il à se nommer et à se dire autrement qu’à sa façon, brouillant les pistes, effaçant les traces, changeant les poteaux indicateurs, laissant le chasseur à ses doutes et son néant, en ces forêts sans recours, en cet enfer qui, étant de tous, n’est plus rien ni à personne...

Ton secret est tel que les mots le dissimulent sans le porter - énigme en soi et des genèses, non de ses haïssables sources...

André Rougier


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