« Faire ressortir l’âme sous l’esprit, la passion derrière la machination, faire prévaloir le cœur sur l’intelligence en détruisant la notion d’espace au profit de celle du temps. »
Montage, mon beau souci, Jean-Luc Godard
Je ris en pleurant silencieusement.
Je ne parviens pas à me dépoisser du sommeil.
J’attaque le brise-lames du temps.
J’observe un nuage à bords argentés.
Je dénonce les anachronismes ou les surprises, les scandales.
Je m’accroche aux bruits de la ville, aux visages des amis.
Je me présente tout nu sous la lumière du réflecteur.
Je me dresse tout est horrible et lointain.
Je crois que ce n’est pas les mots, c’est ce qui est dans les mots.
J’avais l’impression confuse que l’on ne pouvait plus s’entendre.
Je vois à force de mots et d’images, un abîme insatiable.
J’aborde le grand escalier incendié de cris et de danses.
Je reconnais cette espèce de témoins pleins de tendresse.
Je rêve de lire des poèmes jusqu’à la nausée.
Je collectionne les routines et les traditions.
Je propage un fugace nuage de cendre.
Je la laisse affleurer à la surface.
Je reste absent du tableau qui est le monde.
Je passe trois semaines à l’hôpital.
Je m’emporte dans une langue morte.
Je disparais dans une indifférence presque agréable.
Je souris avec un absurde sentiment d’espoir.
J’écoute leurs colères et leurs insatisfactions.
Je me retrouve avec eux de nouveau face à face, toujours aimables, polis, et étrangers.
Je devine ses yeux gris tournés vers le fleuve.
J’entends un cri abominable.
J’ai peur de vérifier la nature du deuil.