
On est moins perdu quand on ne sait pas où l’on est que lorsqu’on ne comprend pas où l’on va. Qui marche dans la direction opposée est perdu. Se laisser croire qu’il y a peut-être au-delà du cadre de cette fenêtre quelqu’un quelque part pas. Le jour répand son mystère, la poussière de son ombre, par-delà le couchant. L’écriture se rêve simple captation, saisie de consciences diffractées. Comme une sorte de crépuscule ou de purgatoire n’ouvrant à rien d’autre qu’à la nuit et à la disparition. Et le jour, un labyrinthe impalpable. Le poème existe à l’état de bribes d’un problématique journal intime. Et bientôt des formes oblongues ne se nommant pas. On perçoit dans la parole des sonorités arbitraires qui persécutent le sens. Éprouver la vibration jusque dans les juxtapositions incongrues, les effets de symétrie décentrée, à travers des poèmes en pièces détaillées. Ce sont les plans qui nous perdent. Ici, rien d’immobile, pas même la peur, pas même le sang, pas même le visible. D’une vue d’ensemble, en tirer un indice, l’idée d’une direction, un horizon, mais rien n’y fait. Pas une chose au monde qui ne soit nuage. Encouragé par la torpeur de l’hiver. Un peu d’écume légère que le soleil fait briller, que le vent emporte et disperse. Le plus simple est de parler avec ses mains. Je connais le passage.