Après avoir proposé en 2010 des illustrations impressionnantes d’un Tokyo post-apocalyptique, à la fois magnifique et effrayant, l’artiste Tōkyō Gensō (Tokyo fantaisie, Tokyo illusion en japonais) (à suivre sur sa Page Facebook) revient avec une nouvelle série moins dramatique mais tout aussi belle, comme le signale le site DozoDomo.
« Tokyogenso réinterprète Shinjuku comme ville semi-abandonnée et végétalisée, écrit Karl Dubost dans ses Carnets de La Grange. Ce n’est pas la première fois que je le mentionne sur le thème de la construction d’une ruine ainsi que lors d’un vide grenier. Mais cette vue de Shinjuku a soudainement dépoussieré une de mes longues marches à travers Tokyo et ses alentours. Le point de départ était probablement Shimokitazawa en direction de Shinjuku au nord de la ligne de train. Lors de ce parcours, nous approchons Shinjuku par les bâtiments officiels, le gouvernement de Tokyo. Mais avant cela, il y a cette longue rivière qui s’étale entre les maisons et arrive dans un vieux quartier de Shinjuku juste au pied des tours. Les vues de tokyogenso ne sont pas toujours si étranges que cela. Un vieux plan de quartier rouillé par les saisons des pluies successives. Il est impossible de combattre l’érosion. Chaleur, pluie, humidité, tremblement de terre altèrent le paysage et même les vêtements rapidement. Sans absorbeur d’humidité dans les placards, les champignons s’installent dans les vêtements. »
Un récent détournement de Google Maps modifie les vues Street View en ajoutant des éléments en surimpression qui nous plongent dans une jungle urbaine.
Street View a régulièrement droit à de nouveau ajouts de la part de Google. Des clichés à 360° qu’un détournement vient ici dénaturer en ajoutant un décor de type fin du monde.
Urban Jungle Street View transforme les vues Street View de son choix en jungle urbaine avec l’ajout en surimpression de divers éléments graphiques (herbe au sol, arbustes aux feuilles touffues, arbres proliférant, lianes entrelacées, etc.). Le créateur de ce détournement, Einar Öberg, indique notamment qu’il a eu recours à une partie non documentée de l’API de Google Maps pour le bon positionnement d’objets dans un espace 3D.
La végétation se met à pousser sur les trottoirs, les maisons, les immeubles, les voitures, les poteaux de signalisation, les affiches publicitaires.
Comme Einar Öberg n’est pas autorisé à utiliser l’API Google Maps de la sorte, il y a fort à parier que la durée de vie de ce détournement est limitée dans le temps.
Ces images dessinent un avenir pessimiste, parfois post-apocalyptique, de la ville moderne. La ville s’est développée dans la seule perspective de l’industrie et de la production. Mais quand on y réfléchit un peu, revêtir un maximum de bâtiments d’une peau verte, développer le nombre d’espaces verts, de parcs et jardins, laisser pousser l’herbe (celle qu’on qualifie encore de mauvaise herbe) sur les trottoirs, entre les pavés, qu’elle prolifère dans les terrains vagues, devrait aller de soi. La crise économique que traverse Detroit depuis plusieurs décennies, transforme radicalement le paysage de ses banlieues en une gigantesque prairie urbaine, avec des trottoirs dévorés par l’herbe folle, le bitume des routes soulevé par les racines des arbres, les lignes électriques qui s’entremêlent avec leurs branches. L’agriculture urbaine y trouve alors naturellement sa place comme forme émergente de pratiques agricoles en ville, en parcelles partagées, ou en jardins individuels et/ou collectifs.
Nous devrions nous étonner que nous ne nous y appliquions pas depuis plus longtemps. La ville végétalisée, l’agriculture urbaine, même la mégalopole comme ville verte : une contribution efficace à la lutte contre la dégradation des conditions environnementales urbaines et contre le réchauffement progressif de la planète, mais surtout un changement radical de notre cadre de vie, atténuant la frontière entre ville et campagne.