Je découvre un peu par hasard sur Twitter un article du Figaro : la maison de Paul Éluard transformée en parking ?
D’après l’article « à la fin du mois de juin 2014, le conseil municipal a voté une délibération qui vise à la démolition de cette maison. Il est question d’en faire un parking. Cette information nous est donnée par Monique Borde-Germain, présidente de l’association des Amis du vieux Saint-Brice, qui se bat pour éviter cette catastrophe. Contactée par Le Figaro, la mairie a confirmé ce projet de démolition. Raison invoquée : crise oblige, il est hors de question d’investir ce lieu, cela coûterait trop cher aussi bien en rénovation qu’en gestion d’un éventuel musée. Le conseil municipal a bien cédé sur un point : le parking sera baptisé Paul Éluard ! On entend même dans les couloirs dire que, finalement, cette maison n’a aucune valeur. »
Quand on consulte le site de la ville de Saint-Brice-sous-Forêt on constate que le parking Paul Éluard, dont le nom a été officialisé au dernier Conseil municipal, est déjà ouvert, et propose ainsi, selon les mots de la mairie « une bouffée d’oxygène en terme de stationnements dans le centre-ville ».
Sur le plan architectural, la maison d’une cinquantaine de m2 n’a que très peu d’intérêt. Elle est restée longtemps à l’abandon, elle paraît délabrée, ses volets mangés par la rouille.
L’article du Figaro laisse entendre que la maison pourrait être détruite, mais il semble sur les images du lieu que le parking a été créé en préservant le bâtiment, mais sans que l’on sache ce que la maison va devenir puisqu’elle a été conservée en l’état.
VOTV - La maison de Paul Eluard par vonews95
C’est dans cette maison que Paul Éluard et Max Ernst écrivirent Répétitions
et Les Malheurs des Immortels.
Elle a été le cadre d’un des plus grands tableaux de la peinture, symbole de la révolution surréaliste, Au rendez-vous des Amis, peint par Max Ernst le 5 décembre 1922, où se réunissaient André Breton, René Crevel, Robert Desnos, Max Morise, Georges Ribemont-Dessaignes, Jean Paulhan, Benjamin Péret, Philippe Soupault, Roger Vitrac, Jacques Rigaut, Jean Arp, Louis Aragon et Francis Picabia. Un jour, Desnos, après une séance d’écriture automatique, poursuit Éluard dans le jardin, un couteau à la main.
À quelques mètres de ce qui reste désormais de la Maison de Paul Éluard, le Pavillon Colombe où Edith Wharton, la romancière américaine, a vécu de 1919 jusqu’à sa mort en 1937. Elle s’y installe à peu près au même moment où les Éluard s’installent non loin, 2 rue Chaussée), qu’elle relit la traduction française du Temps de l’innocence. Pablo Picasso a séjourné également à Saint-Brice avec Salvador Dalí, Lise Deharme, Paul Éluard, André Breton, Jean-Louis Barrault et Gala. Ils se réunissaient à la tour de Nézant. En 1939, la maison appartenait à Henri Jeanson, scénariste marié à l’actrice Marion Delbo.
On se demande comment, dans un tel environnement patrimonial et culturel, protéger la mémoire d’un lieu de création comme ce petit pavillon de Paul Éluard et des surréalistes, était si difficile alors qu’on a dépensé 600 000 € pour créer un parking tout en ayant l’impudence de l’affubler du nom de l’auteur de Liberté :
Sur mes refuges détruits Sur mes phares écroulés Sur les murs de mon ennui J’écris ton nom