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Dire, faire, voir des histoires

À l’invitation de Luc Dall’Armellina, auteur de poésie, enseignant (art & design) aux Beaux-Arts de Valence et chercheur (médias numériques) je propose pendant trois jours à ses étudiants de 3ème année en Design Graphique, qui passent leur diplôme en octobre 2010, une série d’ateliers de création sur récits et narrations : Dire, faire, voir des histoires.

Le principe du workshop est de proposer un travail d’ateliers, fait de moments de découvertes, de travaux variés (lectures de textes, visionnages d’œuvres, écoutes audio) et de processus d’écritures (graphique, textuelle), ainsi que la réalisation d’un travail (individuel ou collectif ou en petits groupes) débouchant sur une production transmédia (livre, publication, blog, vidéo, série photo, audio, etc.).

Un récit comme un trajet, un parcours dans la ville, entre errance et dérive. Une histoire par fragments avec lecture aléatoire.

Une silhouette entraperçue dans la rue, une personne qu’on croise et qui retient notre attention, attire notre regard, à partir de cette rencontre fugace qui lance l’action, imaginer quelques bribes de son histoire et transformer peu à peu cette personne en personnage dont le parcours dans la ville, d’un point à un autre, est décrit minutieusement comme filature et par incises régulières, emboîtement de notes, ouvrir le récit, en décrivant tous les lieux fréquentés, les gens croisés, les propos tenus, les gestes effectués, les rendez-vous manqués, les allers et venues, dans un mouvement inscrit dans l’espace et le temps. Une recherche suscitée par le désir où le point de vue fixe le jeu, l’aventure.




Lundi 11 : Amphithéâtre, de 12h à 13h

Présentation de mon travail d’auteur, de mes réalisations, sous la forme d’une conférence-présentation devant un public d’étudiants et d’enseignants de l’école.

Afin de préparer l’atelier sonore du lendemain, faire travailler les étudiants sur différentes pistes d’écriture :

Former un kaléidoscope de signes et de récits sur la ville où vous vivez, afin de la décrire, voire la photographier textuellement dans la diversité étourdissante de ses images et de ses bruits. On peut pour se faire collecter des informations sur un carnet comme on ramasse à la campagne des feuilles et des fleurs pour remplir un herbier. Ici, un verbier pour reprendre l’expression de Michel Volkovitch. Noter tout ce que l’on voit écrit sur son chemin : enseignes, graffitis, publicité, tags, fragments de journaux. Et tout ce que l’on entend dans la ville : bribes de conversations, annonces publicitaires, cris, invectives, discussions à l’arrêt du bus ou au café du coin.

Eric Sadin, 7 au carré

Explorer, longtemps après, les lieux de son enfance, refaire le chemin à l’envers et laisser l’écriture glisser au rythme du film qui se déroule, le mouvement d’une barque sur l’eau, le rituel d’un trajet (à pied, à vélo, en voiture), ce que l’on y voit dans sa répétition, et le mouvement sans retour du cours de ce flux de souvenirs, leurs sensations, leur dérive poétique revisitant ces images surgies du passé, sur une vie qui a eu lieu et qui regarde à présent, celle du narrateur.

Julien Gracq, Les Eaux étroites

Fenêtres d’appartement, d’hôtel, de restaurant, de gare, d’ordinateur ou de téléviseur (cette autre fenêtre "qui contient toutes les fenêtres"), pare-brise, fenêtre de son lieu de travail, de la maison le matin quand on ouvre les volets, vitre du métro, du train, quand on regarde filer à vive allure le paysage distrait, autant d’images qui viennent du dehors, qui nous impressionnent. Les fenêtres cadrent un état du monde. Restituer par le biais de phrases concises, impressions détachées, fragment autobiographique, réflexion esthétique ou philosophique, sur des lieux dont le trait commun est leur banalité, le regard que l’on porte sur le monde.

Raymond Bozier, Fenêtres sur le monde

Tenir une forme de journal du regard autant qu’une tentative d’inventaire de l’espace urbain, en procédant par répétitions, déclinaisons, diffractions de ce qui se donne à voir et à comprendre, dans la brièveté et le mouvement. Quand on prend le métro par exemple, pendant les quelques minutes passées chaque jour sur le même parcours entre deux stations. En train, ou même à pieds lors d’un trajet quotidien entre un lieu et un autre.

Anne Savelli, Fenêtres, Open Space

Puiser dans le nom des rues, des quartiers du lieu où l’on a passé sa jeunesse, matière à écrire de courts textes autobiographiques, fragments de vie, biographie familiale, les lieux fonctionnant comme théâtre de la mémoire.

Jacques-François Piquet, Noms de Nantes

Dans le mouvement déambulatoire de la marche, décrire ce que l’on voit, ce que l’on perçoit, le flot des passants, la foule des mots courant sous le flux des images, la ville défilant sous nos yeux par à-coups, brusques déplacements en fragments décousus, dans ce décor discontinu, une suite d’émotions, d’échos fugitifs, et de corps fuyants. Et dans cette avancée, ce que l’on sait d’avance, saisis d’office, dans un même temps ce que l’on ressent, pensées et situations parallèles, ce qui me regarde en paysages simultanés.

Guillaume Fayard, Sombre les détails

Autour d’un mot choisi dans le vocabulaire urbain (kiosque, quartier, bus, rue, pavés, vocabulaire urbain), retrouver la ville de son enfance, à travers de courts textes aux sonorités en échos, au-delà des assonances, exercices de précision rythmique, de composition, de phrasé, où les mots s’aimantent à toute vitesse, passant du coq à l’âne, de la gare au marché. L’énumération est une manière de fragmenter autant d’éléments très précis et variés, détails miniatures. Le déclencheur de cette frénésie verbale est avant tout le son.

Michel Valprémy, Albumville




Atelier de 14h à 17h.

Participants : Charlotte Gauvin, Adeline Givelet, Romain Bonnefond, Marie Frignet des Preaux, Léa Piskiewicz, Maxime Foisseau, Gwendoline, Alexandre Dechosal, Jeanne Gangloff, Helene Bastide, Florent Vicente, Clotilde Marnez, et Cécile Galicher.


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