Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.
Proposition d’écriture :
Quelque chose s’est passé, infime, un tremblement. Écrire de très courts poèmes, comme une archéologie de ce qui a été. Une forme d’arrêt à l’origine de la venue des mots. L’infinitif d’un verbe est une action sur place, sans dégagement a priori : action retenue, un minéral, un os dans sa concentration de gestes.
Abîmer de jour, Stéphanie Ferrat, La Lettre Volée, 2007.
Présentation du texte :
Abîmer de jour est chargé de toute l’essence du recueil, comme si notre vie consistait à marquer, à inciser le mouvement même de la vie. Stéphanie Ferrat travaille une langue courte, sèche, qui vient affirmer le poids, l’inertie du réel qui avance, à la cadence de notre propre pas. L’auteur, dans ce recueil, ouvre un espace poétique inédit, dans sa manière de clouer en début de poème (et au centre même de celui-ci) des verbes à l’infinitif. Comme si elle posait, par ces verbes non conjugués, l’action dans le définitif, réduite au corps restant. L’infinitif d’un verbe est une action sur place, sans dégagement a priori : action retenue, un minéral, un os dans sa concentration de gestes. Et c’est bien d’ossements dont il est question ici, de vie, de mort, de cette attitude face au monde qui n’en finit pas de surprendre ; et dont on ne cesse de chercher le sens. Une forme d’arrêt semble être à l’origine de la venue des mots. Quelque chose s’est passé, infime, un tremblement. Les poèmes, comme une archéologie de ce qui a été. Présence du corps donné ; non par débris, mais par morceaux ; renvoyant à une forme d’unité impossible, celle du corps, celle du poème, de l’écriture.
Extraits :
« bander
ombre
sous les chênes éblouis
ne plus parcourir la fatigue attachée à ses courbes
*
trembler
de rien incertaine
fil détaché
musique retirée
déjà
les plaintes
existaient
*
décider
du bout
lit
oiseau
sentier de nuit
*
ne pas savoir
de moi
du jour
le plus trouble
*
toucher
si ce n’est
aller au bout
demander
de quel feu
de quels regrets
*
calmer
voix fortes des chambres
murs de papiers
peu de choses pourtant »
Abîmer de jour, Stéphanie Ferrat, La Lettre Volée, 2007.
Auteur :
Stéphanie Ferrat, née en 1972, s’occupe avec Cécile Gambini d’une petite maison d’édition, Pavupapri, qui publie des livres objets. Par ailleurs, elle anime avec Jean-Pierre Sintive (fondateur des éditions Unes) la galerie Remarque, à Trans-en-Provence, qui expose Dado, Jean Degottex, Daniel Nadaud, Jan Voss, etc. Elle publie régulièrement dans des revues comme Canopée, N4728, Le Nouveau Recueil, L’Animal. Plasticienne, elle a accompagné avec des encres un livre de Jean-Pierre Sintive, Entrer (1998). Plusieurs ouvrages : Viande, Arci-lab, 2001. Jours d’apohyses, Pré carré, 2002. Long sur elle, avec des images de Eni Lindenbaur, Propos 2, 2002. Couvrir la bouche, Le Dé bleu, 2004. Corps seulement, Remarque, 2005. Abîmer de jour, La Lettre volée, 2007. Les Mains prononcées, L’Arbre à paroles, 2009. Caisson, La Lettre volée, 2009, chronique de Ludovic Degroote. Réceptacle, Fissile, 2009. Elle a aussi réalisé une trentaine de livres à tirages limités imprimés en typographie ou manuscrits accompagnés d’œuvres originales.
Liens :
Présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur La Lettre Volée
Pavupapri, maison d’édition de livres-objets, dirigée par Stéphanie Ferrat et Cécile Gambini
Critique de l’ouvrage Caisson par Ludovic Degroote sur le site de Poezibao
Extrait de Réceptacle de Stéphanie Ferrat paru aux éditions Fissile