Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
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Proposition d’écriture :
Choisir une œuvre artistique, peinture ou sculpture, que l’on décrit en utilisant un poste d’observation des regards, un point de vue mobile, télescopique, infiniment souple. Dans ce travail, en effet, c’est de votre œil – position, acuité, densité – que dépend sa capacité à changer son intimité en profondeur. Penser l’écriture dans une boucle complète, se voyant voir, s’écoutant écouter, mais par laquelle la technique finit par se jouer d’elle-même dans son vertige. Au bout d’un long temps d’exposition, l’intensité du regard qu’on porte sur l’œuvre choisie change en intimité sa profondeur. Le texte s’articule essentiellement autour d’un travail sur la phrase (rythme, syntaxe).
Mon Laurent, Sébastien Smirou, Editions P.O.L., 2003.
Présentation du texte :
Dans Mon Laurent, les textes sont composés comme des tableaux (le livre ne s’ouvre pas par hasard sur les Batailles de Paolo Uccello) : Sébastien Smirou fabrique des images à partir de phrases, un peu comme s’il s’agissait des légendes d’objets précieux présentés dans un musée. À ceci près qu’il ne s’agit pas d’images aveugles, mais de vignettes elles-mêmes dotées du pouvoir de regarder, et de regarder en premier lieu ce qui leur est donné à voir quand le livre s’ouvre, c’est-à-dire l’œil qui les regarde.
C’est la raison pour laquelle, un peu comme le vase de Rubin dans la théorie de la Gestalt, les poèmes sont composés selon plusieurs profils. L’auteur ne représente globalement qu’une scène dans chaque poème mais, pour faire le point sur cette image, grâce à tout un arsenal technique, plusieurs mirages surgissent, plusieurs ambiguïtés se rencontrent au fil de la lecture, qui font qu’un temps de décantation devient nécessaire à l’élaboration du résultat. Il ne s’agit pas d’une invitation pour le lecteur à se voir soi-même en s’élucidant, mais, comme l’explique l’auteur, « à reconstruire une sorte de tableau isomorphique au poème, pour jouir sans fin, avec lui, de l’échange des regards. » La quatrième de couverture du livre est à cet égard assez parlante.
Extrait :
« écartelé d’ondé d’azur & d’argent dans le premier quartier
d’ancres d’argent (argent bruni) dans le troisième (le deux
sautant) dans les livres fixant le motif du surcôt de nicollò
dans la guerre pour le dire je m’y tiens à vous de l’imaginer
ce détail-là ne tue pas sa lance bien davantage si je le loupe
c’est pour vous tendre l’image des yeux de mon laurent
lisant focalisant sur ses couleurs et vérifiant chaque matin
l’existence de sa propre vue dans la beauté du badigeon
au total trois deux plus un pas plus grands très tableaux
l’encadrent du pied à la tête aux murs dont les peupliers
peuplaient un méandre d’arno des plus doux que florence
pour la gloire (l’amour de la beauté de) le faste a couchés
il y aura des centaines de mémoire sur les doigts
dimanche lumières et couleurs de la bataille des tableaux
ont brillé à l’endroit je le crois dur comme le fer où le bois
de leurs panneaux justement a poussé toute sa jeunesse
il faut aimer si vous voulez comprendre chaque peuplier
dans une dimension hautement sentimentale (à l’horizon
de sa longueur) pour voir comme les feuilles du grenadier
des îles peintes tombantes y verdissent pourtant toujours
ne voulant pas les voir couché (une chose ne noircit pas
la nuit ne réfléchit pas) c’est à l’aube que laurent s’attache
à se remettre la main sur le coing des genoux dans le bain
de son histoire une façon de la toucher comme une autre »
Mon Laurent, Sébastien Smirou, Editions P.O.L., 2003.
Présentation de l’auteur :
Sébastien Smirou est né à Niort en 1972, et vit à Paris. Il a publié Simon aime Anna (rup&rud, 1998), Mon Laurent (P.O.L, 2003) et Ma girafe (Contrat maint, 2006). Il prépare actuellement son bestiaire. Il a également fondé et dirigé pendant sept ans rup&rud, une structure associative de micro-édition, publiant tour à tour des livres de Anne Parian, Anne Portugal, Caroline Dubois, Pierre Alferi, Peter Gizzi et Éric Houser. Pour différentes revues, il a par ailleurs traduit depuis l’Américain des textes de Kevin Davies, Peter Gizzi, Harryette Mullen, et Andrew Zawacki.
Liens :
Présentation de l’auteur sur le site de son éditeur P.O.L.
Fiche de présnetation Sébastien Smirou sur l’encyclopédie en ligne Wikipédia