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Séance 210

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Écrire un texte sur la doxa sociale et politique d’aujourd’hui, comme l’on se lance un joyeux défi. Citer ce que l’on peut lire dans un journal spécialisé dans l’économie politique, et plus largement ce qui touche le monde de l’entreprise, du travail au quotidien, ressaisi et monté en fragments qui s’enchaînent en ordre incrémentiel, dans une interrogation de la langue sur les choses, le monde, la vie des hommes.




La loi des rendements décroissants, Jérôme Mauche, Seuil, Collection Déplacements, 2007.

Présentation du texte :

Le rire et l’intelligence d’une syntaxe très travaillée comme antidote à la doxa sociale et politique d’aujourd’hui, dans 202 morceaux de texte qui décomposent et recomposent le discours des médias, comme l’écrit Jérôme Mauche dans sa postface (p. 185-191) :

« Au-delà d’un certain seuil, l’efficacité productive diminue – et finalement toute chose.

(…) Puissent les rendements décroître au-delà d’un seuil certain.

(…) Une lecture, un trimestre durant, de divers magazines et de journaux à vocation informative rapportant des faits, des mouvements, des évolutions et des anticipations aussi. (...)

Écrire à partir de ce qui est écrit déjà.

Ne serait-ce que pour constater que ce n’était pas cela qui était écrit en fait. »

Extraits :

« Les nouvelles identités au travail ont pour mot d’ordre l’amateurisme, puisqu’on ne saurait être sérieux à gagner moins de sept cents euros par mois et nettement moins d’ailleurs. Dans ces conditions, il est sommé d’économiser et d’acheter encore dans la mesure du possible, de s’endetter au moins à crédit et, agissant avec droiture, d’aider autour de soi qui est plus mal en point, il s’en trouve toujours. Ainsi se perdent dans la nuit des temps les générations successives immanquablement attentives à voir mourir au-dessus d’elles, souffrir en leur présence et conspuer, le tout mené avec tant de négligence qu’il est plus que normal que cette existence ne mérite au fond aucune rémunération potable. »

La loi des rendements décroissants, Jérôme Mauche, Seuil, Collection Déplacements, 2007, p. 15.

« L’écart peut être juge choquant entre les revenus des dirigeants d’entreprise qui s’envolent et ceux des salariés, quelle que soit la hauteur, à leur échelle stagnant, mais on oublie aussi que ces derniers ne font que semblant et demeurent au labeur trente-cinq à trente-neuf ou quarante-huit heures hebdomadaires, pendant des kyrielles d’annuités, à des taches inintéressantes, de plus, quand elles ne sont pénibles ou dangereuses, les jugent-ils, malgré tout l’arsenal parfait d’un droit de l’hygiène et du travail qui, protecteur, ne rend que plus merveilleuses encore, signifiantes, leurs activités quotidiennes. Tandis que ces pauvres présidents-directeurs généraux et cadres, éminemment supérieurs, si incertains du bien-fondé de leur activisme, participant si méchamment à ce monde injuste, paient et perdent beaucoup à jouer le vilain rôle, naturellement perçoivent donc, compensatoires, de très jolies prébendes pour si mal agir et commettre, mais qui les réconfortent peu, soyons-en sûrs. »

La loi des rendements décroissants, Jérôme Mauche, Seuil, Collection Déplacements, 2007, p. 48-49.

« Le personnel, le turnover constant, est seul à même de satisfaire la clientèle dont la surface, par la perturbation du jeu, maintient à égalité les intervenants et rompt ce fossé, un peu inutile et néfaste, de l’employat au consommat, alors que se constate, non seulement à coups de bons d’achat, que pour se simplifier la vie, le salarié dans la distribution opère le plus gros de ses courses sur son propre lieu de travail. Sans aspirer à l’extension de pratiques qui sinon (nous n’en sommes là) brouilleraient les frontiéres vie publique-privée externe, permettant ainsi à la banque lorsqu’on fait un plein d’argent de directement emplir son réfrigérateur, tout en prélevant les agios de retard, sur place, dans les hypers et supermarchés, plus de mixité dans les tâches laborieuses et consuméristes est souhaitée. Ainsi, les employés un peu honteux de travailler pourront eux-mêmes passer pour des clients qui éprouvent, de leur coté, la culpabilité normale d’acheter et de vivre, quand on songe à la moyenne économique du monde entier. Avec un border-line expérimental, innovant et attrayant pour chacun de ne savoir jamais où se trouve, en tant qu’acheteur, le produit qu’il souhaite et, en tant que salarié, où pouvoir et dans quel rayonnage, le mettre en place, le décharger et, surtout à la caisse, lieu du jugement par excellence, se demander s’il achète, s’il est acheté en retour, s’il vole, ou un peu des deux à la fois, et pour le compte de qui au final. »

La loi des rendements décroissants, Jérôme Mauche, Seuil, Collection Déplacements, 2007, p. 169-170.

Présentation de l’auteur :

Né en 1965, Jérôme Mauche vit à Paris. Critique d’art et directeur de la collection « Grands soirs » aux éditions des ’Petits Matins, il a déjà publié : Les possibles (Nicolas Philippe, 2002), Fenêtres, portes et façades (Mix, 2002), Ésaü à la chasse (Mix, 2003), Électuaire du discount (Le Bleu du ciel, 2004), Superadobe (Le Bleu du ciel, 2005), Tuyautés de pans de flûte de mémoire (L’Attente, 2005), L’hypostase sous-tendue du coup de maître raté’’ (Mix, 2006).

Liens :

Présentation du livre par Marc Pautrel

Extraits du livre sur le site de François Bon

Critique sur remue.net

Critique sur Libr-Critique


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