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Séance 208

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Un seul mot nous rassemble, la peur, dans ce qu’elle a de plus commune à tous et à tout. La peur dans la représentation même que fournit le langage, ces relents de dépêches que l’on retrouve cristallisées dans des expressions-slogans qui reviennent sans cesse. La peur comme mal à combattre et comme attitude de survie. N’essayez pas de former des images, mais épurez l’intrigue, la scène, le personnage, pour mieux les révéler par la parole uniquement.

Zone de combat, Hugues Jallon, Éditions Verticales, 2007.

Présentation du texte :

Zone de combat est composé d’une série de séquences poétiques sur la peur qui aujourd’hui nous anime et nous fait courir, une peur qui est tout à la fois consolée et amplifiée par les injonctions et recommandations qui nous cernent, les thérapeutes, les coachs et les sectes qui s’efforcent de nous prendre en main.

Dans la zone de combat, nous enchaînons les méthodes thérapeutiques et les groupes de parole, les séances de coaching et les stages de remise en forme. Pour survivre, il faut se prendre en main. Il faut se plier aux recommandations communes. Les promesses de bien-être sécurisé sont devenues infinies. Entre périls terroristes et techniques de management, nous vivons dans la crainte permanente de la désagrégation, physique et sociale.

Dans la zone de combat, rien ne distingue plus les périls du monde des territoires intimes. Quelques groupes informes se préparent à l’inéluctable.

Ensemble, tout est devenu possible. Un seul mot nous rassemble : la peur.

Extrait :

« Nous savons maintenant

la presse et la télévision commençaient à marteler

le monde devient chaque jour de moins en moins sûr

soyez attentifs, limitez vos déplacements, respectez les consignes, ne vous laissez pas aller, nous ne pouvons compter que sur nous même (p. 39)

il faut être réaliste, nous allons apprendre à vivre avec IL FAUT ÊTRE RÉALISTE

c’est notre mode de vie et nos lois nos principes nos valeurs communes intimement partagées notre existence décontractée nos barbecues ensoleillés (photo) nos familles recomposées (photo), qui se trouveront alors comme ça au hasard pulvérisés vaporisés annihilés qui partiront en fumées brunes et sales (photo) dans le ciel clair et calme de nos fins d’après-midi ; :(photo) et parfois de nos débuts de matinée, aux heures de pointe (photo), toujours des images ; :épouvantables de dévastation (photo) provoquent le maximum de dégâts qui pourront sérieusement perturber les esprits les plus fragiles vous avez compris IL VA FALLOIR S’ACCROCHER il va falloir s’y faire maintenant, il va falloir vivre avec, c’est ça vous ne seriez pas là sinon.

IL FAUT NOUS PRÉPARER. (p. 61-62)

Voilà. Nous y sommes maintenant.

Nos perspectives de survie ne sont plus garanties. Dans l’air climatisé, nous respirons doucement nous essayons de garder notre souffle. Nous nous économisons.

Bien à l’abri dans les étages supérieurs nous surveillerons régulièrement l’évolution des indicateurs de croissance les dernières projections démographiques la courbe des taux de suicide. Nous constaterons l’effondrement de la fécondité.

Nous réévaluerons chaque jour ou presque le terme probable de notre disparition finale et définitive.

Nous passerons des heures entières à étirer nos bras morts à masser nos mains froides et nos yeux infectés. Nous ferons des efforts immenses pour nous ranimer.

Nous reprendrons nos exercices nous multiplierons les déplacements.

Nous ferons des efforts immenses pour ne pas céder à la panique.

Bien à l’abri dans les étages nous essaierons de ralentir le processus nous maintiendrons un semblant d’activité. Les colonnes de fumée noire ne cesseront pas de s’élever vers les nuages. Bien à l’abri dans les étages nous ressentirons le souffle des détonations. (p. 131-132)

C’est ça Maintenant Nous savons Maintenant C’EST IRRÉPARABLE

Nous nous éteindrons. (p. 139) »

Zone de combat, Hugues Jallon, Éditions Verticales, 2007.

> Présentation de l’auteur :

Né le 13 juin 1970, Hugues Jallon est directeur éditorial des éditions La Découverte. Il est déjà l’auteur de La Base. Rapport d’enquête sur un point de déséquilibre en haute mer (éditions du Passant, 2004).

Liens :

Présentation de Zone de combat sur le site de son éditeur Verticales

Extrait de Zone de combat sur le site de la revue Vacarme

Critique du livre sur le site Omega Blue

Présentation du premier livre d’Hugues Jallon : La base

La base, présentation de Chloé Delaume

Critique du livre par Arnaud Maïsetti sur le site Persona prodictions

Zone de combat, lu par Guénaël Boutouillet dans la revue Remue.net


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