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Séance 203

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Dresser le portrait d’un homme et de sa maladie en évoquant l’absence, l’effacement, l’abandon, autant de formes de la mort. Avancer dans son récit par phrases courtes, trouées, suspendues, disloquées. Entre pudeur et verdeur, raconter la maladie de l’oubli, la perte de la mémoire, de la parole et de la raison, ce qu’on en a appris et ce qu’on imagine.

On n’est pas là pour disparaître, Olivia Rosenthal, Verticales, 2007.

Présentation du texte :

On n’est pas là pour disparaître part du portrait d’un homme atteint de la maladie d’Alzheimer pour saisir sur le vif ce qu’est la perte de la mémoire, de la parole et de la raison. Avec ce septième livre optimiste et désespéré, Olivia Rosenthal confirme son talent et son inventivité langagière.

Extraits :

« Des fois, ma mémoire chavire. C’est comme un trou noir à l’intérieur duquel je sais qu’il y a quelque chose que je devais chercher. Je ne me souviens plus quoi, mais il y avait là, dans le trou, quelque chose et ce quelque chose me manque. C’est bizarre d’éprouver le manque de quelque chose qu’on ne connaît pas. D’habitude, quand quelque chose manque, on sait ce que c’est, c’est d’ailleurs pour ça qu’il ou qu’elle manque. Le manque, c’est quand on me retire une chose dont je sais qu’elle m’est nécessaire et dont l’empreinte reste en moi vivace. Mais là, c’est autre chose, un manque flottant, un manque profond que je ne peux pas circonscrire. C’est pire, bien pire, parce que j’ai beau réfléchir, je ne sais pas ce qui manque. »

On n’est pas là pour disparaître, Olivia Rosenthal, Verticales, 2007, p. 64.

« C’est trop compliqué

d’être un homme

de travailler de dialoguer de s’étonner de sourire d’encaisser sans rien dire de ne pas douter de soi des autres c’est compliqué d’être curieux d’être ouvert d’être attentif d’être prêt au meilleur comme au pire de supporter la douleur l’abandon la déception la jalousie c’est compliqué d’aimer d’être sûr de soi d’être rassurant d’être fort c’est compliqué de ne pas en vouloir aux femmes à toutes les femmes d’éduquer des enfants de rester là de regarder la télé d’un air détaché de réprimer ses désirs de faire comme si c’était normal comme si c’était normal de vivre et de mourir comme si ce n’était pas révoltant humiliant désespérant comme si on n’avait rien de mieux à faire qu’attendre c’est compliqué d’accepter la mort de ses parents de ses amis et bientôt la sienne de ne pas succomber à la panique à la lâcheté c’est compliqué d’être propre bien habillé correct présentable de se contrôler de se maîtriser de se contenir de se respecter de manger avec des couverts de boire dans des récipients de se lever de se coucher de chier aux bons endroits et à heures fixes de se raser de bricoler d’être tolérant d’être indulgent d’être humain c’est compliqué de comprendre ou de cacher quand on ne comprend pas d’être ingénieux ou de cacher quand on ne l’est pas de s’habituer ou de cacher quand on ne s’habitue pas d’être furieux sans le montrer d’être triste sans le montrer d’être seul sans le montrer d’être là plutôt qu’ailleurs d’être prisonnier c’est si compliqué il prend un couteau sur la table et comme elle continue à parler avec des mots qu’il ne saisit pas il l’efface et il s’efface avec elle d’être un homme c’est trop compliqué »

On n’est pas là pour disparaître, Olivia Rosenthal, Verticales, 2007, p. 214-216.

Présentation de l’auteur :

Olivia Rosenthal est née à Paris en 1965. Maître de conférence à l’université de Paris 8, elle a écrit un ouvrage critique, "Donner à voir : Écritures de l’image dans l’art de poésie au XVIe siècle" (Champion, 1998). Elle a écrit aussi des romans dont "Dans le temps" (Verticales, 1998), "Mes petites communautés (Verticales, 1999) et "Puisque que nos sommes vivants" (Verticales, 2000). On n’est pas là pour disparaître (Verticales, 2007). Auteur de deux fictions radiophoniques, "Un épisode sanglant de mon histoire, 1 et 2" (France Culture, 200), elle s’essaye actuellement à l’écriture théâtrale avec une tragi-comédie intitulée "Les Félins m’aiment bien".

Liens :

Présentation de l’auteur sur le site de son éditeur Verticales

Critique du livre paru dans Télérama

Olivia Rosenthal sur France Culture

Présentation du livre parue dans Le Matricule des Anges

interview d’Olivia Rosenthal par Olivier Barrot dans l’émission Un livre, un jour (Archives INA)


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