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Séance 163

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Une mère, elle incarne autant la langue que la mort, c’est aussi parce qu’en elle, comme dans toutes les mères, s’érige le premier rapport d’une communauté fondée sur la séparation des corps. Un monologue impétueux creusé de bouts de perceptions sensibles, de réflexions doublées de confessions, confrontées au regard d’une écriture qui se cherche (à quoi sert le texte d’un écrivain face au poids d’un corps en mouvement, d’un corps mort, d’une ville en action, d’un accident, de la disparition d’un être, d’un amour, ou de sa fin ?). Une seule phrase en mille dont les méandres et les accidents exposent le procès, l’incohérence, la chute infinie : le heurt et la fusion de la terre et de la mer, de la mère et de la mort, de la langue et du livre, et leurs combinaisons à l’infini.

L’Eau des fleurs, Jean-Michel Reynard, Lignes & Manifeste, 2006.

Présentation du texte :

« On peut seulement se laisser emporter, écrit Jacques Dupin dans la préface du livre, se laisser recouvrir, se laisser prendre à ses lacets, à sa touffeur, aux pièges qui sont sa vérité. L’épreuve est rugueuse mais, dès l’exclusion qu’elle assigne, commence à fonctionner sa provocation, son magnétisme. Une lecture, une seconde lecture, et les immersions répétées dans le texte irriguent en nous des strates insoupçonnées. Même si nous nous désintéressions de ce dont il parle, personnages, lieux, actions, circonstances, difficile après les premiers pas dans une contrée hostile, d’échapper à son emprise, de ne pas céder aux rouages dévorants de sa logique démentielle. »

« L’Eau des fleurs » est une prose poétique inclassable, où se mêlent le journal intellectuel, la confession sensible, l’autobiographie et l’endurance vivante d’une pensée en acte : une somme ravageuse.

« L’Eau des fleurs a été écrit entre décembre 1996 et avril 2003, note Emmanuel Laugier. Ce sont les deux dates que Jean-Michel Reynard donnent à la fin de ce livre, livre testament auquel il donnait un statut tout autre qu’aux précédents. Il semble que L’Eau des fleurs fut pour lui la dernière façon de trouver un lien pacifié entre son existence et le fait de ne pouvoir être en elle, jusque dans l’échec de leur rapport, sans l’écrire, ou tenter d’en écrire le fait vérace, quand en même temps il savait l’énergie de l’acte scripturaire perdue d’avance. Pourtant, d’une façon, ou d’une autre, L’Eau des fleurs est le livre d’une convalescence, et la mort de Jean-Michel Reynard, à 50 ans, en novembre 2003, l’aura, par un coup du sort aussi léger, logique, inéluctable qu’inacceptable, rendue définitive… »

Extrait :

« mère si légère / que rien n’a changé / des mots quelques alignés / dedans la rue / sans amende / et les années / rien ne me laisse plus vil / plus las / que ta légèreté, / je pense / que je n’attendais que le jour / pour célébrer / notre embardée de pair / entre toutes la plus datée, / mais la plus neuve / également / puisque rien n’aura plus goût / jamais / à présent / de m’en détourner

mère si légère / depuis la date d’hier / dis-le moi / est-ce qu’il est aussi facile toujours / de n’avoir plus revu / l’amour / ni le jour de la vie / ni l’espoir de mourir / en ayant de la sorte / autrement / réussi son destin ?

mère si légère / que tes lèvres qui parlaient / comme jamais / ne disaient rien / crantées sur le trépan de la sonde / de la buse d’intubation / est-ce que tu as dit quelque chose / enfin, / quel a été ce mot dernier / vivant / que je ne faillirai plus / dévier ? »

L’Eau des fleurs, Jean-Michel Reynard, Lignes & Manifeste, 2006, pp. 311-312.

Présentation de l’auteur :

Jean-Michel Reynard est né à Paris en 1950, dans un milieu modeste, Jean-Michel Reynard se passionne très tôt pour la poésie, la peinture et la musique. Il étudie la philosophie à la Sorbonne et soutient une maîtrise sur Heidegger. Il exerce plusieurs métiers avant de partir enseigner à Abidjan, en 1979. A partir de 1994, et jusqu’à ce que la maladie interrompe, il y a deux ans, sa vie professionnelle, il a exercé le métier de correcteur au Journal officiel. Il a collaboré aux revues Argile et L’Ire des Vents, publié des essais sur la peinture (Bokor, Brown, Capdeville) et la poésie (André du Bouchet, Jacques Dupin). Sa propre œuvre poétique, expérience aux frontières de l’inarticulé, se décline en quelques titres évocateurs : Maint corps des chambres (Maeght, 1981), Nature, et mortes (André Dimanche), Monnaie courante (Flammarion), Poèmes d’amour de la raison close (Fourbis), Peine perdue (Messidor), Le détriment (Fourbis), Fredaine (Deyrolle) et L’eau des fleurs (éd. Lignes, 2005). Il est mort en 2003.

Liens :

Présentation du livre sur le site des éditions Lignes

Présentation du livre par Emmanuel Laugier sur le site de Sitaudis

Critique du livre par Emmanuel Laugier sur le site de la revue Le Matricule des Anges

Un article sur Jean-Michel Reynard dans Poezibao


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