Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.
Proposition d’écriture :
Écrire deux séries de fragments de textes sur la ville. Le premier, lors d’un déménagement, en prenant des notes en temps réel décrivant qui se passe dans cette période de transition. Et le second sur les indices de la peur dans la ville. Relier ces deux ensembles fonctionnant chacun de façon récurrente, mais avec deux façons différentes d’ancrage dans le réel. Ces récits mêlés s’attachent au plus ordinaire de l’expérience de la ville, de manière non linéaire, en écho à notre expérience de lecteur, dans ce lieu commun.
Qu’est-ce qu’un logement ? et Livre des peurs primaires, Guillaume Vissac, Publie.net, 2010.
Présentation du texte :
Qu’est-ce qu’un logement ?
« On habite une ville, on la quitte pour une autre : on vide l’ancienne coquille, écrit François Bon dans sa présentation des ouvrages de Guillaume Vissac sur Publie.net. On découvre la nouvelle ville en fonction de cette recherche. Les visites d’appartements vides sont comme autant de personnages de théâtre aperçus. Et puis il faut s’installer, aménager.
Livre des peurs primaires
« 100 fragments pour accrocher les indices de la peur dans la ville : c’est vieux comme la littérature – ça devient ici un jeu, une monde de micro-romans en gestation. Ses circulations, accidents, silhouettes, lumières. Sa propre et permanente représentation aussi, le spectacle toujours banalement recommençant de la télévision. Là aussi, Guillaume Vissac adopte la forme du fragment. »
Extraits :
« 9
Il y a ces instants où j’imagine notre vie dans un appartement qui ne sera jamais le nôtre. Dans celui-là par exemple, je me vois entre deux paupières poser sur la banque une cafetière que nous ne possédons pas et te demander si tu as bien dormi. Ni toi ni moi ne buvons de café le matin. Et jamais je ne me lèverai le premier, tu le sais. Alors quoi ? Une version parallèle de nous-mêmes dans cet appartement parallèle qui déjà se presse de nous fuir ?
14
Explique-moi un truc : quand tu m’as dit que tu me suivrais n’importe où même dans ce trou, tu le pensais vraiment, ou bien c’était encore une de ces conneries post-coïtales ?
17
La folle du deuxième m’a demandé de l’aider à monter ses courses. La folle du deuxième a semble-t-il oublié de me rembourser son petit emprunt de l’autre jour. La folle du deuxième, c’est un peu Holly Golightly du pauvre avec ses potes qui viennent sonner tous les jours à n’importe quel interphone, puisqu’elle-même n’ouvre jamais à personne. J’ai aidé la folle du deuxième à monter ses courses, ensuite elle m’a demandé ce que je faisais si souvent dans son immeuble. Quand j’ai dit à la folle du deuxième que j’habitais depuis deux mois l’appart du rez-de-chaussée, elle m’a dit qu’elle m’avait pris pour le facteur en fait et puis elle a fermé la porte. »
Qu’est-ce qu’un logement ? Guillaume Vissac, Publie.net, 2010.
2
« Immobilisé entre deux gares, le conducteur nous remercie de garder portes close et voies désertes, les râles agacés et tics nerveux des bras tout contre en réaction. Entre un tunnel et un pont, le noir du dehors, c’est dedans plutôt. Il est possible que, çà se pourrait si, il suffirait de et le wagon explose, une bombe quelque part, jaune et suie mêlés sur les murs tout contre, corps éparpillés, on n’échangerait les membres, litres d’hémoglobine pour recouvrir les sièges. mais le train reprend, mon pouls toujours là sous poignet gauche : et non, ça n’arrivera jamais. (13)
3
Tous les jours au boulot sept heures devant l’écran, les mails, le site. Tous les jours d’écriture sept heures devant l’écran, traitement de texte, le web. À en finir aveugle. Lorsque je n’y verrai plus assez pour déchiffrer le LCD, je serais pas dans la... Mais non, honnête, ça n’arrivera jamais. (95)
4
Sa nuque craquée, tempe contre épaule, cou brisé dans son mouvement, jugulaire éclatée dans un jet noir : sang trop triste forcé à chaque impact de la pompe. Mais non, faites que non. (9) »
Livre des peurs primaires, Guillaume Vissac, Publie.net, 2010.
Auteur :
Guillaume Vissac est né le 10 février 1986 à Firminy, dans la Loire. Il anime le blog Omega-Blue depuis décembre 2005 et 17h34, une expérience de photos-floues, de photos-moches, telles qu’il les décrit. Il a publié deux ouvrages sur Publie.net : Qu’est-ce qu’un logement ? et Livre des peurs primaire.
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