Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
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Proposition d’écriture :
Reprendre des articles publiés par des quotidiens et des agences de presse, et en effacer les référents historiques, géographiques, et patronymiques. Mettre l’ensemble au présent de l’indicatif. Réécrire certains passages et en supprime d’autres afin de blanchir une écriture déjà anonyme et collective.
Édouard Levé, Journal, P.O.L., 2004.
Présentation du texte :
C’est un journal où l’on retrouve tout ce qui constitue l’actualité, c’est-à-dire, le terrorisme, la politique, l’économie politique, l’agriculture, la religion, les pages people, la vie sociale, la vie locale, les transports, la justice, l’économie, la science, la technologie, les annonces immobilières, les annonces de décès et de naissance, les offres d’emploi, la météo, l’actualité du sport, de la littérature, de l’art, la musique, le théâtre, la danse, le cinéma et la télévision. Édouard Levé propose dans ce livre une version textuelle de la série photographique « Actualités », qui reconstituait des archétypes de photographies de presse. Il reprend des articles publiés par des quotidiens et des agences de presse, et il en efface les référents historiques, géographiques, et patronymiques. Il met l’ensemble au présent de l’indicatif. Il récrit certains passages et en supprime d’autres, de manière à blanchir une écriture déjà anonyme et collective, celle du journalisme mainstream. Cette réécriture produit un effet de soudain éclaircissement, non pas sur l’événement dont il s’agit, mais sur la manière dont on le traite. Lorsqu’on lit le journal, on cherche à être informé : qui, quand, où ? En lisant Journal, on est informé sur la manière d’informer. La mise à distance et le « décalage » de ces textes produisent un effet d’inquiétante étrangeté.
Extrait :
« Quatre policiers sont tués et vingt personnes blessées dans une attaque contre le centre culturel d’un pays étranger. L’attentat, qui n’est pas revendiqué, est perpétré par quatre hommes circulant sur deux motos. Ils ouvrent le feu au fusil d’assaut sur les policiers de garde qui effectuent leur rotation. Les assaillants réussissent à s’enfuir. Depuis la vague d’attentats, la sécurité est considérablement renforcée devant tous les bâtiments officiels de pays étranger. À l’approche de la fête nationale, la police municipale les contrôle. Le ministre de l’Intérieur du pays étranger affirme que cet attentat est l’œuvre de factions d’extrême gauche, très présentes dans l’est du pays. »
Édouard Levé, Journal, P.O.L., 2004.
Auteur :
Édouard Levé est un écrivain, artiste et photographe français né le 1er janvier 1965, mort le 15 octobre 2007 à Paris. Artiste, son travail, essentiellement photographique, comprend plusieurs séries, parmi lesquelles : Homonymes, Angoisse (Portrait d’un village français, typique hormis son nom), Rêves reconstitués (Tableaux vivants reconstituant des rêves de l’auteur avec les personnes réelles qui y sont apparues), Actualités (Photographies génériques illustrant des archétypes d’événements, dont les signes de reconnaissance sont supprimés. Ni date, ni lieu. Modèles anonymes. Titres abstraits : la conférence, la visite officielle, l’inauguration, l’accord, la déclaration... Restent les vêtements, des accessoires, et une chorégraphie où poses et gestes codifient la représentation du pouvoir), Pornographie (Des modèles habillés et inexpressifs rejouent des scènes tirées de revues pornographiques). Édouard Levé est représenté par la galerie Lœvenbruck. Il a précédemment publié Angoisse (éditions Philéas Fogg/Galerie Loevenbruck, 2002), portrait d’un village qui porte ce nom, et Œuvres (éditions P.O.L, 2002), dans lequel il décrit 533 œuvres dont il a eu l’idée, mais qu’il n’a pas réalisées.
Liens :
La page de P.O.L. consacrée au "Journal"
La page de la Galerie Loevenbruck consacrée à Edouard Levé