Proposition d’écriture :
Choisir sa propre stratégie de remise en jeu, de remise en circulation des livres de la bibliothèque - aussi bien, du "bagage" langage : focale(s) et ustensile(s), chacun les siens. Sortir du couloir moi.
La première phrase et le dernier mot, Christof Migone, Le Quartanier, 2004.
Présentation du texte :
La première phrase et le dernier mot de chacun des livres de la bibliothèque de Christof Migone. Les phrases sélectionnées sont ensuite reconstruites, recyclées en un nouveau texte, sans ajouter ou enlever aucun des mots. Les sources (auteur, titre) sont précisées en bas de page.
« Né inlassablement, par abandon, n’ouvrant sur rien, de corps pur et atroce, mais qu’ensuite on ne veut plus quitter. La chair irrésistible des lettres transformée en épilepsie, l’habitude de manger ouvrages, le passage de la logique à la tache, l’impure qui jouit. On dirait des continents coupés depuis le début de la raison. D’un pas bien nerveux m’m’n’n’a d’n’d’n’s’l’objet langage a sa consécration clandestine lorsque son irruption écrit la communauté. Votre vie est ces heures d’ennui où la faute travaille. Réduire ma bibliothèque à la première phrase et au dernier mot de chaque livre. L’élan et la finalité. Être texte : tel est le stimulateur. Aucun mot n’est de moi, et je n’ai rien retranché. Le pouvoir de glisser dehors du couloir moi. Le jeune homme, un bougre difficile, suscite aujourd’hui la force de l’impouvoir, sans y mettre quelques << > > et quelques << > > . L’Idée produit un Je ne sais plus. Un J’ignorais, un ni, un vrai ni. Pour que mes prétentions d’écrivain soient s’insère, je sacré la littérature d’encre sales. Rideau à votre Histoire. Souffrir la langue est une sorte de porte. Si tu as peur de la civilisation, lis ce livre. Un livre de moins. » C.M.
Extrait :
« L’anecdote suivante a été contée avec nous, personne, un peuple fictif, un nom inventé. Je veux une manière de parler et de penser qui furent glissement, l’hiver lent maladif. Je veux raconter à tout le monde les indécences à l’intelligence, comme lui, l’homme. Ou à de l’air qui rend une folie respirable, depuis des années connaissait ce dernier refuge qui mène à l’intelligence objet par une mousse arrivons bien années de la Russie, quatrevingt-dix, calme, extrême provincialisme, cette anse d’eau dormante, du soleil se couchait à et se lève à la connaissance me malmenant et me traitant en siècle agonisant, les années par le même chemin m’avait été déterminer en langue aliéné, puis comme un objet à mourir. Si imaginer, je lui donner, le traiter déclarativement, fonder une nouvelle Garabagne, de façon à ne compromettre aucun pays réel dans ma description morte. Notre commencement, prières de n’en parler à notre fin (alors est cette fantaisie même que dans les signes de la littérature). Ici il y a deux ans vous m’avez reçu avec beaucoup d’amitié ; le Dr. Ferdière qui me vous avait raconté mon odyssée et l’injustice qui et en à propos d’, d’, d’ dans la vie celles de l’homme de théâtre, du poète, de l’écrivain que j’étais amicalement le plus large du terme. Les autorités signifient, nécessaire : société. Vous aviez voulu réparer en votre cœur des autres ; leur romanesque, leur fantaisie, leur difficile. C’est pour cela, quand je suis arrivé, qu’un geste la faite saisir. À savoir, une attitude, une langue, une réalité. Je me rappelle fort. Axiome, pourtant je me compromets. Au sens, mais. » [4]
[4] La première phrase et le dernier mot de Charles Baudelaire L’art romantique, Louis Hjelmslev Le langage, Ghérasim Luca Théâtre de bouche, Ossip Mandelstam Le bruit du temps, Hélène Cixous Dedans, Roland Barthes L’empire des signes, Antonin Artaud Œuvres complètes XI, Michel de Certeau La culture au pluriel.
La première phrase et le dernier mot, Christof Migone, Le Quartanier, 2004.
Texte intégral sur internet :
Présentation de l’auteur :
Né à Genève en 1964, Christof Migone vit à Montréal. Artiste multidisciplinaire, il est l’auteur de nombreuses performances et installations présentées à travers le monde. Détenteur d’une maîtrise en beaux-arts du Nova Scotia College of Art & Design, il poursuit actuellement un doctorat au Department of Performance Studies de la New York University. Il a codirigé l’anthologie Writing Aloud : The Sonics of Language (Errant Bodies Press, 2001), et ses textes ont été publiés dans des revues telles que Angelaki, Cahier Folie/Culture, Theater Drama Review, etc. Membre fondateur d’Avatar à Québec, il a en outre réalisé six disques compacts solos : South Winds (Oral, 2003), Crackers (Locust, 2001) Quieting (Alien8 Recordings, 2000), The Death of Analogies (ND, 1999), Vex (Ohm/Avatar, 1998) et Hole in the Head (Ohm/Avatar, 1996).
Liens :
Une monographie sur Migone vient d’être publiée, "Christof Migone - Sound Voice Perform" Textes de Brandon LaBelle, Martin Spinelli et Allen S. Weiss - Critical Ear series, Vol. 2 - 88 pages avec CD, qu’on peut commander, en France, avec toutes autres sortes de disques (et quelques livres sur) de musique expérimentale et de poésie sonore Le site de l’éditeur de Christof Migone, Le Quartanier
Guillaume Fayard