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Séance 327

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Écrire un récit de voyage composé de petits fragments rangés par ordre alphabétique, une succession d’expériences singulières ou de réflexions décalées, d’impressions originales, souvenirs ou fantasmes sur les sujets les plus variés concernant un pays vu de dos : Voir de dos, ce n’est pas voir l’autre, c’est voir ce que l’autre voit, accompagner son regard, entrer dans sa vue.

Japon vu de dos, Christian Doumet, éditions Fata Morgana, 2007.

Présentation du texte :

« Le Japon vu de dos se présente comme un récit de voyage composé de petits fragments, écrit Midori Ogawa. Dans sa table des matières s’aligne poliment, et suivant l’ordre alphabétique, une liste des soixante-dix-huit articles qui évoquent tous le séjour au Japon (notamment à Kyoto, Tokyo et Shikoku) que l’auteur a effectué en 2005. Aussi, on a l’impression qu’une lecture complète de ces articles depuis le début (« de l’air ») jusqu’à la fin (« de la vue de dos ») va nous offrir une connaissance générale sur ce pays lointain. Mais cette attente est agréablement trahie puisque l’on y découvre, à la place d’un guide abécédaire, une succession des expériences ou des réflexions décalées, originales et singulières. Toutes ces qualités se traduisent ici comme une résistance du texte à la violence de la généralisation sur laquelle s’appuie ce qu’on appelle le guide ou le manuel du voyage. Les images décalées que présente le Japon vu de dos relèvent directement des expériences de l’auteur en même temps qu’elles illustrent la stratégie du livre afin d’évider les clichés et lieux communs. Comment ne pas tomber dans le danger du « déjà vu » ou « déjà entendu » en écrivant sur le Japon après tant de témoignages déjà existants ? Faut-il ou peut-on éviter les clichés ? Si Roland Barthes, un des prédécesseurs et auteur d’un fameux récit de voyage, écarte intelligemment le piège (et avec une radicalité digne d’un théoricien de langue), en remplaçant un Japon réel par un Japon imaginaire, Christian Doumet choisit volontiers de jouer avec les clichés, puisque selon lui non seulement il est impossible de les éviter mais aussi ils forment un minimum commun pour accéder à l’inconnu. »

Extrait :

« De l’écriture

Comparées à celles qui montaient par bouffées de la vie en Chine, les sollicitations de l’écriture sont ici plus discrètes. Une sorte de confort permanent distrait presque constamment de l’envie de se plaindre, ou du moins, estompe tout sentiment d’écart. Une sollicitation contraire vous invite sans arrêt à l’adhésion, à l’acquiescement, à la révérence. Rien qui rebique.

De l’incompréhension (2)

La place d’incompréhension avec l’étranger fait partie de l’art de vivre. Il comporte ses codes, ses rituels, sa scénographie. Sa politesse, aussi, son élégance. Au point qu’on finit par se demander si l’impair ne consiste pas à tenter de parler la langue du pays...

Du vibrato (2)

Vingt-trois heures dix. Derrière le musée d’art moderne, un vieil homme promène son chien d’un pas alerte. Il chante à tue-tête ; mais c’est le vibrato si lâche de sa voix qui traverse la rue, tandis qu’au-dessus de lui, la lune, deux pointes en l’air, se roule sur le dos.

Des voix automatiques

Partout, les haut-parleurs. Les voix venues d’en haut, qui avertissent, conseillent, invitent, souhaitent... L’autre jour, dans ce documentaire tourné en 1961 au fond de la campagne japonaise, la voix des haut-parleurs, déjà, au petit matin : « Pensez à votre assurance-maladie, je vous en prie... » Dans ce monde de petits dieux innombrables et de génies facétieux, les voix ont une fonction très particulière. Alors que personne n’y prête attention (tout un usage de la langue dans lequel on n’écoute pas : interminables formules d’accueil et d’adieu...), elles expriment la nature toujours surnaturelle du grand corps social. Même lorsque les voix ne disent rien, ce sont les jingles qui rappellent à chacun : « Attention, je veille, je ne dors jamais, je suis partout. Tout est prévu. Et jamais je n’oublie de remercier. »

Auteur :

Christian Doumet est né en 1953. Il enseigne la littérature française à l’univeristé Paris VIII. Il a publié des poèmes, des récits et des essais sur la poésie et la musique. Il a notamment publié Traité sur la mélancolie du cerf (Champ Vallon, 1993), Rumeur de la fabrique du monde (Corti, 2004), Passage des oiseaux Pihis (Le Temps Qu’il Fait, 1998) et Japon vu de dos (Fata Morgana, 2007).

Liens :

Bibliographie de Christian Doumet

Article de Thierry Girard sur les photographies du livre de Christian Doumet

Les liens du peu, avec un article de Midori Ogawa sur l’ouvrage de Christian Doumet

Poète, moeurs et confins, un article du Matricule des Anges sur deux livres de Christian Doumet

Intervention de Christian Doumet à la Bibliothèque Publique d’Information


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