Samedi dernier, j’arrive à la gare TGV vers 18h30. Grand soleil. Rendez-vous pris avec avec Jacqueline Cimaz de l’Association Les Rias pour intervenir à la Bibliothèque Municipale de Saint-Apollinaire-de-Rias, petit village de l’Ardèche. Je sors du train, monte l’escalator, elle est là, au milieu de la foule. Nos regards se croisent et nous nous reconnaissons de suite. Sourire, poignée de mains. Je monte dans sa voiture. Un 4x4, je comprends vite pourquoi. La route est sinueuse, les chemins entre champs, escarpés. Direction : Saint-Apollinaire-de-Rias. Ici, on dit Saint-Apo, ce qui n’est pas pour me déplaire. Le paysage est splendide. Dans la montagne, belle brume qui transforme radicalement la vue.
La bibliothèque est située près de la Mairie, dans le hameau Les Baraques, elle est ouverte deux jours par semaine, mais souvent bien au-delà, et lors des diverses réunions ou ateliers... Là-bas, les bibliothécaires-bénévoles sont disponibles pour toute demande concernant l’accès à Internet, les animations autour du livre - l’écriture avec mots ou images - et le service de prêt.
Les habitants peuvent emprunter des livres, un fond assez exceptionnel, notamment, en poésie contemporaine (deux trois livres que j’aurais bien empruntés pour mes futurs ateliers !), faire des recherches sur Internet, consulter sa messagerie, laisser un message à la mairie, travailler l’image ou le texte ou leurs rapports, et laisser une commande de livres pour la BDP en fonction de ses envies.
C’est à l’invitation de Jacqueline Cimaz et de l’Association Les Rias que je suis venu à Saint-Apollinaire-de-Rias mener cet atelier d’écriture numérique. Dans le cadre de la Fête de la Science l’équipe de l’association souhaite en effet mettre en place une soirée sous la forme d’une conférence le 14 novembre prochain, mais ne pouvant être disponible à cette date, je leur ai proposé de mener un atelier en amont. La réflexion autour du livre numérique menée à cette occasion dans ce petit village et disponible sur le site réalisé sous SPIP est assez exemplaire, un véritable travail de veille qu’il faut souligner et encourager, et j’avoue qu’il m’a très rapidement convaincu à venir à leur rencontre, afin de partager et de discuter de ces questions centrales pour la littérature et dans nos vies quotidiennes.
Média en quête d’identité : A côté du livre imprimé, livre simplement numérisé ? Ou exploitant les ressources du numérique ? Et si oui, comment ? Contenus (l’image ? le son ?), formes, interfaces ? Pratiques, interactivité et apprentissages ? Enjeux pour la lecture et l’écriture, la création ? Découvrir, expérimenter et débattre pour mieux appréhender…
Samedi, lors de l’atelier, nous avons travaillé en deux temps.
Tout d’abord une partie atelier d’écriture proposant un travail sur les fragments de pensées et les idées éphémères qu’induit la communication textuelle à l’ère du numérique (email, chat, SMS, tweets, etc...). Une écriture de l’instant. Les textes sont calibrés en fonction de contrainte temps, dans la limite d’un certain nombre de signes par exemple, comme pour les SMS et les mises à jour sur Twitter). Le support écran induit des formes d’écriture brèves, alors on travaille l’écriture brève. En second lieu, nous avons créé un blog afin de mettre en ligne les textes écrits lors de l’atelier et d’expérimenter la mise en ligne numérique.
Nous avons travaillé sur deux propositions d’écriture différentes (d’autres pistes sur le blog) :
Un travail d’après mon ouvrage en avant marge, diffusé chez Publie.net en 2008 autour des lectures versatiles de la page 48. "Le parcours de ces blocs d’écriture, écrit François Bon, forme une lecture entre les lignes des livres de chevet, qui nous accompagnent au quotidien, et dont on n’achève jamais vraiment l’inépuisable lecture." Nous sommes dans une bibliothèque, j’invite les participants à choisir un des ouvrages qui jonchent les murs de la bibliothèque et de sélectionner 48 mots qui parlent de nous ou nous touchent dans la page 48 du livre afin de composer un poème.
Un travail sur le Journal de flux sonore d’Esther Salmona.
Voici comment Fatima Mana (auteur d’un très bel ouvrage publié chez Apogée : L’arbre de Combier et dont j’aurai l’occasion de parler ultérieurement) décrit l’exercice sur le site de l’association : « Le travail suivant s’appuie sur le son : Pierre Ménard nous propose de remonter de notre mémoire, les sons qui ont cerné notre départ pour se rendre à l’atelier. Répertorier tous ceux rencontrés et les retranscrire dans deux ou trois phrases. Se souvenir mentalement de tous les sons trouvés sur notre parcours : thème, matière, prétexte à écrire, source de mots... En tous les cas un exercice qui en a inspiré plus d’un ! »
Jacqueline Cimaz nous lit son texte : Pas escalier bruits mous caisses en coffre moteur voix placide de Philippe Ménard. Voix intérieure pas journal comme « Salut toi ! » manaïen à Alain-président. Carrefour des résistances photos feutrées. Rouspétances intérieures ou presque d’APN préféré disparu encore. Le vent ? peut-être pas ? moteur. Chasseur je leur dirai voix grave sympa d’un certain âge. Pierre Diaz placidité de la voix. Clé pose appareils marchent ou pas bruits écrasés par rouspétances intérieures. Déménagement. J’étais dans la voiture, près d’elle. J’y suis encore. C’est tout à fait ça.
Je vous invite à lire les comptes-rendus passionnées et très sensibles que Jacqueline Cimaz et Fatima Mana ont tour à tour mis en ligne à la suite de l’atelier. De nombreuses photographies de l’atelier accompagnent également ces présentations. Je suis très heureux de cette rencontre, de l’échange, et des pistes ouvertes pour la suite.
Textes de l’atelier d’écriture, axes d’écriture préparatoires, présentation de l’intervenant, réflexions en amont du projet, veille sur l’écriture numérique, la numérisation, les liseuses, les blogs, et surprises à venir, à découvrir sur le blog de l’atelier et sur les pages de la bibliothèque du site de l’association Les Rias.