Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
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Proposition d’écriture :
Scruter les fonctionnements d’asservissement dans l’idéologie de normalisation par le biais des grandes surfaces. Se mettre à la place des marchandises et des objets. Raconter un voyage dans la vie intime des marchandises, où tout se met à parler. Une conscience habitant les choses, les traversant, un texte dans lequel ce sont les choses qui parlent et non pas celui qui écrit à l’intérieur d’elles.
Très-Grande Surface, André Benchetrit, éditions Léo Scheer, collection Manifeste, 2004.
Présentation du texte :
Très-Grande Surface est un livre où l’on rencontre des pamplemousses qui parlent, des voitures qui parlent, des légumes surgelés qui parlent, des images parlantes qui parlent, des animaux qui parlent, des morts qui parlent, des morceaux d’humains qui parlent. Très-Grande Surface est un livre effrayant. Il y paraît vite normal que la peau humaine se cultive, que les voitures aient une sexualité, que les poupées souffrent et que toutes ces choses puissent être conscientes de leur situation. Dans le monde de la Très-Grande Surface, l’ultraviolence a un goût de sucre et la dénaturation est donnée à vivre comme une fête permanente.
Extrait :
Quelqu’un s’est approché. Attitude amicale. Ses doigts pressent sur ma peau. Ma peau se colle contre moi. Je suis d’une bonne densité. Je suis plein. Je suis sympa. Je ne sonne pas creux. Je ne suis pas trop lourd. Je n’ai pas de cicatrices. Je suis fiable. Il éclate de rire parce que c’est un enfant et
que sa mère n’est pas loin. Est-ce que tu
veux faire un foot ? Comme je ne réponds
pas, il me donne un coup, je tombe, il me
frappe plusieurs fois dans la tête, uniquement
dans la tête, sa bouche fait des bruits de
bouche cul-de-poule, je deviens impropre à
quoi que ce soit, après quoi seul le ballon
existe, moi non.
Grâce au ciel la mère arrive et bloque le pied
qui donne. Heurtée, la pulpe explose. Le
gosse se fige parce que l’intérieur est noir.
Je suis noir. Il crie C’est de la balle, Maman !
Je regarde autour de moi les noirs quartiers
explosés, les lunes dégoulinantes de jus noir.
Maman dit Tu me fais honte ! Il nous reste
encore des tas de choses à acheter, et si un
vigile arrivait...?
Auteur :
André Benchetrit est né en 1955, à Casablanca, a vécu à Paris, et est décédé le 11 novembre, à 54 ans. En 1995, il a publié son premier roman Le Ventre et a poursuivit ensuite un lent et exigeant travail d’écriture. Parallèlement à cette activité, il animait des ateliers en hôpital de jour, dans les écoles, dans les prisons ou dans les entreprises. Il a écrit de nombreux livres pour les enfants (des contes, des documentaires) et des romans pour les adolescents. Pour quelques éditeurs, il lisait des manuscrits. Pour d’autres, il écrivait parfois des textes de commande.
Liens :
Extrait du livre et présentation sur le blog Lignes de fuite
Ateliers d’écriture d’André Benchetrit avec les tout-petits
Article dans L’Humanité sur Très-Grande surface
Interview d’André Benchetrit dans la revue La femelle du requin