Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
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Proposition d’écriture :
En s’appuyant sur un fait divers passé, construire un récit sous forme de mise en voix, parole incarnée d’un être meurtri, qui conte de l’intérieur son histoire tragique. Portrait sommaire. Précisions synopsis. Dates et lieux. Répétés, avec quelques variantes, ces éléments constituent une litanie symbolique. Le texte à suivre révèle ce qui permet de les relier.
Si j’ai une âme, Vincent Peyrel, L’Amourier, 2007.
Présentation du texte :
Premier ouvrage publié par son auteur, Si j’ai une âme s’inspire d’une sombre histoire (vraie) de cannibalisme, perpétrée en Allemagne au cours de la Première Guerre mondiale.
Le récit qu’en fait Hans, le plus jeune des deux protagonistes, est très personnel, bien que non dénué de froideur, et évoque sans ménagement ses actes et sa résignation face aux événements, qu’il semble accueillir avec une indifférence blasée.
Lorsqu’un beau jour, le 7 novembre 1919, très exactement, Hans rencontre Frédéric à la gare de Hanovre et devient son amant, il lie aussitôt son existence au destin de celui qui sera par la suite baptisé « le boucher de Hanovre », en regard de ses crimes.
Dès lors, la vie se poursuit au travers de quelques éléments significatifs et incontournables : le piano qui joue le matin, le cinéma, le sexe, les rencontres puis les meurtres de jeunes garçons, le découpage des corps dans la baignoire, les étranges repas préparés par Frédéric et composés de viande humaine, accompagnée solennellement de cognac, de vin et de sang.
À travers la narration linéaire de Hans transparaissent ses réflexions sur le destin, l’ambivalence des sentiments, la peine de mort, la manière dont la société définit, mais aussi crée, la norme et la monstruosité.
Extrait :
« Je m’appelle Hans. Je m’appelais Hans. Déjà. Le 7 novembre 1919. J’ai rencontré Frédéric à la gare de Hanovre. Il faisait froid.
Les flics sont venus le 23 juin 1924. Frédéric n’était pas là. Le piano ne jouait pas depuis quelques jours. Je dormais. Encore.
(…)
J’ai rencontré Frédéric à la gare de Hanovre.
On m’a demandé tant de fois de raconter mon histoire. Un résumé de ma vie. En m’attardant longuement sur des passages. Mais j’intéressais moins les gens que Frédéric. On m’a demandé tant de fois de raconter les moments que je passais avec lui. On m’a demandé tant de fois de dire comment il était. Puis tout a été mis sur papier et on m’a demandé de signer ces papiers. Je n’avais jamais signé quoi que ce soit de ma vie. C’est la première fois que mon nom intéressait quelqu’un. On m’a dit que nous étions amants et j’ai bien aimé. Je trouve ça bien d’être amants. On n’a jamais eu besoin de savoir ce que nous étions avec Frédéric. On n’avait jamais eu besoin. Mais il a fallu définir. Je pense. Toujours pour cette importance de l’ordre. Les gens ont voulu que nous soyons amants et cela m’allait. S’ils avaient voulu que nous soyons frères. S’ils avaient voulu que nous soyons ennemis ou encore étrangers. Cela aurait pu me convenir de même. Tant que nous étions dans la même phrase. »
Si j’ai une âme, Vincent Peyrel, L’Amourier, 2007.
Présentation de l’auteur :
Je suis né en 1977 dans le Limousin et ne m’en suis jamais beaucoup éloigné. Les villes me font peur. On n’y prend jamais le temps d’imaginer ce qui pourrait, ce qui aurait pu se passer, ni comment. C’est dans les chemins ravinés en suivant mes chiens, qui eux non plus ne sont pas faits pour les trottoirs, que je construits mes histoires. Qu’elles deviennent monologues, chansons, dessins, romans, en français ou en anglais, peu importe tant qu’elles naissent là, dans un chemin cabossé.”
Si j’ai une âme est son premier livre publié.
Liens :
Présentation de l’ouvrage sur le site de son éditeur L’Amourier
Un article paru dans la revue en ligne Sitarmag