Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
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Proposition d’écriture :
Chercher à en savoir plus sur ce narrateur qui essaie de comprendre les différents événements et sensations qui le font ressembler à un homme. De quels points de notre expérience personnelle peut-on faire surgir des interrogations, qui deviendront de nouvelles tentatives de pourquoi ? En prenant le concept de variations mais en l’appliquant à rebours. Une attaque de la langue, ou dans la langue, travail sur les registres d’adresse, d’imprécation, d’apostrophe, et travail dans le rythme, la ponctuation, monologue et mise en miroir aussi du geste même de l’écriture.
12 tentatives de pourquoi, Thibault de Vivies, Publie.net, 2008.
Présentation du texte :
Un monologue percutant composé de tirades plus ou moins longues, une ponctuation économe, des phrases saccadées qui se déroulent et se percutent dans l’esprit d’un narrateur déboussolé, pour rebondir dans l’esprit du lecteur. L’auteur crée une voix déstabilisante, celle d’un individu dont il est difficile de cerner la personnalité et la nature, et qui tâche de mettre de l’ordre dans sa vie et ses pensées, d’appréhender le monde qui l’entoure et d’y survivre - des tentatives au prime abord destructurées et tâtonnantes et qui font pourtant peu à peu sens et s’inscrivent dans une démarche introspective cohérente, que chaque lecteur reconstruira comme il l’entend. On se laisse porter par la succession et l’enchevêtrement de mots, à la découverte d’un univers intérieur atypique et d’un parcours bouleversant.
Extrait :
« Tentative de pourquoi ce petit homme au manteau clair change de trottoir dès qu’il sent qu’il est indésirable en cette contrée il préfère faire profil bas et surtout ne parle pas aux inconnus mon gars où tu vas le sentir passer oui Maman te le défend et ne reviendra pas dessus alors je ne déçois pas ma maman qui sait où est mon bien et mon mal et Papa aura beau mettre la mesure rien n’y fera, la transparence des êtres que je croise ça n’empêche pas les mirages parfois ça s’impose à moi avec le regard qui accroche du visage pas comme tout le monde ou du corps en difformité comme moi alors les yeux tombent au sol et on fait comme si de rien n’était messieurs dames on dirait qu’on ne se serait pas vus et on poursuivrait notre route en sifflotant au plus bas pour que personne ne nous entende, dans les environs hommes ou machines à se balancer des coups bas à la moindre occasion on s’en fout plein la gueule pour être sûr qu’on est bel et bien vivant et qu’on a notre place à trouver dans la cité si on cherche bien on a de quoi réaliser les belles choses à portée messieurs dames on ne va pas se laisser emmerder par les cons, passe ton chemin l’ami ce jour encore j’ai pas l’humeur et je serai capable de trancher dans le vif au moindre regard de travers je sors la machette et je salue de trop près à te trancher une ou deux joues pour faire bel effet dans les soirées mondaines, la traversée de la cité est semée d’embûches comme à son habitude faut longer les murs le soir tous les chats sont gris mais les hommes aussi avec l’envie qui t’emporte parfois le manque de contrôle pardon du dérangement alors surtout ne pas se faire remarquer ça non, j’ai établi un pacte fictif avec les ceux de la cité en démonstration de force je suis prêt à leur lécher les couilles s’ils ont fait l’effort de bien les raser et les laver avant si si j’aurai la force si je prends sur moi une bonne fois pour toute je suis sûr de ne pas retourner en lieu clos, c’est que j’aime ma liberté de mouvement même si elle est contrainte messieurs dames on n’est jamais mieux servi que par soi-même croyez-moi quand on a passé un temps aussi long entre quatre murs on apprécie de les longer du dehors en direction de où je veux quand je veux je prends à droite ou à gauche en fonction de l’envie du moment je me ferais bien une petite escapade en bord de mer, j’entends comme c’est calme dans le très fond des océans on a l’immensité pour soi avec la possibilité de n’y croiser personne si on s’y prend bien y’a de quoi se la couler douce et heureusement car peu de murs à longer ou derrière lesquels se cacher à l’occasion si un gros gibier vient à passer faut simplement bifurquer dans une des autres directions à l’infini messieurs dames c’est comme ça j’imagine au-dedans de l’étendue aqueuse qui me fait face, je m’étends sur le sable et je regarde tout au fond du fond du ciel en me disant que c’est bel et bien la même chose sûrement tout là-haut avec juste un peu plus de chaleur qui te brûle les fesses si tu t’approches trop près du soleil t’as bien les ailes qui vont fondre on dit et ta liberté d’aller et venir tu pourras te la mettre au cul eh oui mon petit gars au manteau clair on est peu de chose sans les bons conseils de sa maman qui veille au grain comme elle sait bien faire, j’attends que tu me donnes une heure de retour au bercail Maman je suis sorti au petit matin et je n’ai pas vu le temps passer alors envoie-moi les signes à distance du trop d’heures passées en extérieur à ne pas vraiment profiter du cadre environnant si je dois sans cesse courber l’échine pour plus de discrétion je vais finir par tomber nez à nez avec les bas-fonds de la cité toujours prêts à m’accueillir à bras ouverts les saligauds, par ici-bas on dit que l’air y est frais mais qu’on sait bien comment te réchauffer avec les coups répétés comme seul moyen de communication messieurs dames c’est l’expression du pauvre d’esprit comme moi qu’a pas appris dans les livres comment s’y prendre autrement pour se faire comprendre merci bien de me pardonner. »
12 tentatives de pourquoi, Thibault de Vivies, Publie.net, 2008.
Présentation de l’auteur :
Thibault de Vivies est né en 1970. Il a publié quelques textes courts dans plusieurs revues dont "Rue St Ambroise", "Place au(x) sens" et "La revue des ressource". Certains de ses textes ont été adaptés au théâtre par Maryline Klein et Françoua Garrigue et au cinéma par Derek Lepape. Son premier roman intitulé "Me suis fait tout seul" a été publié en 2002 par les éditions Pétrelle et l’est à nouveau en 2007 par les éditions "Jets d’encre". Son deuxième texte long "Tentative de pourquoi j’ai toujours si mal à la tête"a été publié en 2008 par les éditions numériques publie.net, dirigées par François Bon, et est à l’origine de cette initiative de blog fictionnel entièrement consacré au même narrateur.
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