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Séance 221

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Une écriture instinctive, triviale, qui lutte de vitesse et de précision avec la sensation, qui n’est que transition, glissements, empreintes pulsionnelles. L’écriture comme poursuite de l’activité désirante par d’autres moyens. Le réel se dédouble, se déboîte, s’ouvre, se révèle, par le regard qui semble déchiffrer dans la vie animale les prémices d’une forme de mythologie retrouvée, avec ses monstres et ses divinités tutélaires.

La Nue-bête, Sophie Loizeau, Editions Comp’Act/La Polygraphe, 2003.

Présentation du texte :

Dans une collection qui prolonge l’excellente revue La Polygraphe, dirigée par Henri Poncet, voici le second recueil de Sophie Loizeau (après Le Corps saisonnier paru au Dé bleu en 2001). Sobre et beau livre où plantes, animaux, gestes immémoriaux de la campagne devenus aujourd’hui presque irréels (celui des lavandières, par exemple) sont saisis par le regard d’une jeune femme en deuil d’une origine perdue, qui semble déchiffrer dans la vie animale les prémices d’une forme de mythologie retrouvée, avec ses monstres et ses divinités tutélaires.

Les poèmes oscillent entre une écriture instinctive, triviale et une autre qui semble s’inventer elle-même mais que Sophie Loizeau s’applique à re-travailler : syntaxe éclatée, utilisation modérée des blancs et immodérée du retrait d’alinéa. Deux registres aussi apparaissent, qui correspondent aux deux modes d’écriture. L’un réaliste et cru, l’autre relevant du fantastique « aux peupliers pendent/de petites mains de singes. »

Dix suites de poèmes composent le recueil. Chaque suite a été écrite sur une période de deux à trois mois et en des lieux précisés. C’est ce que laissent croire les annotations ajoutées. Mais plus que le temps qui passe, c’est le temps qu’il fait qui importe et les lieux révèlent l’élément principal (eau, terre) qui influence le poème. Il s’agit, après Le Corps saisonnier (Le Dé Bleu, 2001), du deuxième recueil de Sophie Loizeau.

Entre le dedans et le dehors, le corps et le décor s’établissent des relations qui évoquent un peu l’univers des légendes ou des contes : en filigrane se devinent l’appel de la jouissance primitive, ou les tourments du manque ou de l’interdit.

Extrait :

« Figures de la plaie

I

empreinte de mon sexe

tirée sur vergé rien ne consent autant au secret qu’un sexe de femme (le fin fond d’un livre sa complexité d’écorchure) mon sexe d’encre est d’azur pénombre et bleu m’apparaît sous les traits d’un autre à tout prendre : un astrakan

II

les figures qu’on croyait mortes changent de profils se meuvent imperceptiblement un ciel dévore l’autre la fleur sombre autour des plaies de l’ange tourne comme une mouche bleue donne la définition juste de l’entraille du don physique il y a des guêpes aussi le ciel qui reste est plein de ces petits insectes acides tués au vol chacun son tour

III

la tournure que prennent les choses une fois le geste accompli pour peu qu’un grand Pélican naisse à notre rencontre les ailes fortement arquées dans l’air et le bec long ramené sur sa poitrine il flotte autour de lui un effet d’eau lourde de marée noire déchirée par endroit de sorte qu’elle apparaît blanche aussi la mer et parcourue de sombres filaments en forme de formules d’attaches parisiennes de clous de girofle – qui ne nous disent rien d’abord – mais qui sont la nourriture de l’oiseau

IV

ce que la tache a de visage humain le dissimule en museau en gueule de loup foncièrement ouverte aux plaies je ne puis rendre à l’homme qu’à travers un masque – un son émis derrière une encre plus dense – c’est que le visage échappe et l’expression de la plaie ne peut rien montrer »

La Nue-bête, Sophie Loizeau, Editions Comp’Act/La Polygraphe, 2003.

Présentation de l’auteur :

Sophie Loizeau vit à Versailles. Elle est psychpologue. Ecrivain, elle a collaboré à différentes revues, notamment : La Polygraphe, ’Le Mâche-Laurier, Rehauts, Passage d’Encres, Petite, Grèges, ’Contre-allées... Egalement à l’anthologie Autres territoires d’Henry Deluy. Sophie Loizeau a publié : Le corps saisonnier, Le dé bleu, 2001. La Nue-bête, Comp’Act, 2003. Environs du bouc, Comp’Act, 2005. Ce recueil a reçu le prix Ivan Goll de poésie 2005. Albine, roman inachevé de George Sand, Comp’Act, 2005. Elle prépare son prochain livre La femme lit.

Liens :

Article sur le livre paru dans Le Matricule des Anges

Présentation du livre sur le site de son éditeur L’Act Mem

Sophie Loizeau dans l’anthologie permanente de Poezibao


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