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Séance 177

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Une histoire se termine (disparition d’un proche, virage brutal dans sa vie, changement de cap), on tourne la page, la page se tourne, quelques traces encore nous reviennent en mémoire, flashs, instantanés, brefs retours en arrière. Une série de phrases, courtes respirations, ramassées sur elles-mêmes, dans un souffle coupé, un silence pesant qui se prolonge dans les bruits environnants, comme un cœur de mots serrés qui bat fort.

Nègre blanche, Sophie G. Lucas, L’idée bleue, Collection Le dé bleu, 2007.

Présentation du texte :

« Un père comme un malheur en train de mourir. Déjà mort, mais il continue de mourir.

On y pense à travers de courtes et rapides respirations qui empêchent peut-être de suffoquer. C’est aussi comme un cœur de mots serrés qui bat fort : on a couru vite à travers la grammaire et de l’ailleurs qu’on rapporte en vain dans un silence qui ne l’accueille pas. Même rapporter un peu le passé du père n’arrange rien. Un cœur de nègre (puisque c’est moi que tu écris, dit le père) qui bat fort, trop fort, mais en brefs jets de sang vif (y aurait-il un plaisir qui trouve son chemin dans le malheur ?) il persiste et s’affirme dans ses lancées d’écriture étonnamment continuées. On va l’entendre encore dans le silence qui suit la fin du livre. »

James Sacré

Extrait :

« 1

à la cuisine je compte mes pieds et petits carreaux sur un bout de papier tords mes mots la table qui en désordre peaux de pêches

2

le drap main mise sur sa tête à peine ses cheveux je vois d’un geste sec balaie l’air me remballe aux casseroles et à la nappe scène de chasse

3 dans l’ombre d’une porte entrouverte

4

le corps d’un homme enveloppé dur hein que je ressemble à une momie sous la sirène et les peupliers ses yeux multiplient les dernières fois

5

le tue-mouches à la poutre pendu balance des heures à la lutte j’observe comme ça s’épuise comme ça ne tient à rien quatre pattes et des ailes

6

lou reed et moi dans l’atelier chat ventre à terre me rejoint nous dansons coney island baby l’établi maille à partir avec mes pieds

7

sous l’ombre des feuilles au mur faire surgir bison girafe et lion me dire à trois si c’est un chat je pars mais toujours des animaux sauvages

8

il fait pffff avec sa bouche de la fumée tchou chou sur le bord de son lit alignons les roulées pouf pouf ça sera toi qui me fera mou-rire-heu

9 voitures sur les gravillons par petits virages arrivent les voisins alcool sous les vestes jour ordinaire s’habituer nous regardant mourir aussi »

Nègre blanche, Sophie G. Lucas, L’idée bleue, Collection Le dé bleu, 2007.

Présentation de l’auteur :

Sophie G. Lucas a obtenu cette année le Prix de poésie de la ville d’Angers, décerné tous les deux ans à un manuscrit inédit. Le jury était présidé par James Sacré. Elle est née en 1968 à Saint-Nazaire. Elle publie dans des revues et a obtenu en 2005 une bourse « découverte » du Centre national du livre. Elle a écrit : Ouh la géorgie, éditions Gros Textes / Décharge, 2005, et Nègre blanche, l’Idée bleue, 2007.

Liens :

Un article de Claude Vercey sur Sophie G. Lucas paru sur le site de la revue Décharge

Présentation du livre par James sacré sur le site de l’éditeur


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