Le projet consiste en une série de douze ateliers d’écriture durant le deuxième semestre des étudiants en première année de Sciences Po, ayant pour but de procéder à l’écriture collective d’un récit numérique via Twitter.
On peut suivre en ligne le récit s’écrire en temps réel, en suivant cette liste sur Twitter :
Séance n°9 :
« Une façon, entre mille, de combattre le néant, c’est de prendre des photos. » La photographie pourrait remplacer les défaillances de l’acte narratif, telle serait l’idéal de Roberto Michel. Elle recèlerait un autre pouvoir, celle de raconter au mieux, peut-être au plus près de la réalité. « Dans la nouvelle de Cortázar, explique, dans une interview au magazine Les Inrockuptibles, Michelangelo Antonioni, le réalisateur du film Blow-Up, adaptation de la nouvelle Les fils de la vierge, le narrateur dit une phrase qui, pour moi, résume notre rapport à la vue, et plus particulièrement à la caméra : « Je sais aussi que tout regard est entaché d’erreur, car c’est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie. » »
À partir d’un texte préexistant, ici la nouvelle Les fils de la vierge, de Julio Cortázar, dans lequel on a sélectionné un ensemble de mots, de phrases, de façon imprévue, en cherchant autre chose, voire rien de particulier, dans une approche issue d’une démarche heuristique qu’on appelle sérendipité, faire affleurer des histoires en filigrane, morceaux d’un roman, récits à demi-mot, microfictions, nouvelles en devenir. Une succession d’instantanés qui scintillent, en vrac. Composer le travail d’une réparation unifiante, inventer des liaisons nouvelles, entre ces mots choisis dans ce corpus dont on s’est imposé le rythme de prises et l’ampleur du tamis. Les tableaux fissurés se refont ailleurs. Et les scènes enfuies le sont dans le mouvement qui les tisse.
Les fils de la vierge, in, Les armes secrètes, Julio Cortázar.-Nouvelles : 1945-1982, Gallimard, 1993.