Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
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Proposition d’écriture :
À partir de dépêches de journaux, de fait-divers extraits de ce qu’on appelle couramment la rubrique des chiens écrasés, élaborer de courtes fictions écrites comme des poèmes, si l’on entend qu’un poème a, sur la page, une disposition plus ou moins différente de la prose. Le vers est court, très court, hoquetant même. Le mot final peut être rectifié, coupé en deux, rejeté en début de ligne suivante. D’une architecture plus poétique que prosaïque, cette poésie-fiction s’apparente aussi à ce mouvement par son côté narratif, son humour noir, son souci de concision extrême et sa façon de déstructurer les liens de cause à effet.
La plus grande civilisation de tous les temps, Jean-Luc Caizergues, Flammarion, Collection Poésie, 2004.
Présentation du texte :
« Légèrement moins consternant peut-être (on s’habitue à tout), écrit Claude Vercey, mais tout aussi glaçant, d’un humour au scalpel, de chirurgien qui opère sans anesthésie, les textes passant de l’univers du fait-divers sanglant (le matériau était alors tiré de Libération) et de la série noire vers un univers familial non moins meurtrier. Poésie-fiction est-il indiqué néanmoins sur la couverture, de crainte sans doute qu’on prenne ces divers épisodes comme biographiques. »
Tout cela serait insupportable sans la concision et les exquises manières qu’emprunte la narration, grâce auxquelles l’auteur, dont on devine la jubilation, se tient à distance. Jean-Luc Caizergues se définit ainsi : « aucun style, aucune imagination, je n’écris pas, je copie. »
Le matériau de référence de ces micro-nouvelles de Jean-Luc Caizergues est le journal Libération, du 13 novembre au 31 décembre 2000.
« le journal écrit mon journal
c’est un miroir brisé brisé
fiction ≠ fiction »
Extrait :
1
la porte, poussée
en en trant, déclen-
che le démarrage fu
rieux d’une boule
d’acier qui court
le long d’une glis-
sière métallique
fixée au mur
et qui achève son
trajet en tombant
du plafond sur le
crâne du visiteur.
2
L’endroit est
accessible seu-
lement depuis la
bibliothèque.
Une veste pen-
due à une patère
exhale la fade
nostalgie
d’un lecteur
absent. Pas de hé-
ros, pas d’anecdo-
te, pas de fable.
3
Reclus sur la montagne ennei- gée qui domine la ville,
transi de haine et de ressentiment il rêve d’un pas- sé, d’un pays,
d’un monde
qui n’existent
plus que dans sa
tête.
4
On finit par
le laisser en-
trer. Il se ré-
chauffe un peu,
mange un mor-
ceau, se désaltè-
re. Puis on tire
les rideaux
et on décroche
le nerf de bœuf
pendu derrière la
porte.
La plus grande civilisation de tous les temps, Jean-Luc Caizergues, Flammarion, Collection Poésie, 2004, pp.95-98.
Auteur :
Né en 1954, Jean-Luc Caizergues est machiniste à l’opéra de Montpellier. Il n’a entrepris d’écrire « sérieusement » – mais avec une application sans faille – que depuis quelques années et a collaboré aux revues Fin, La Polygraphe, Arsenal, La Revue littéraire notamment, ainsi qu’au volume collectif 49 poètes (Flammarion, 2004). Il travaille actuellement à la rédaction d’un roman. La plus grande civilisation de tous les temps, qui regroupait ses premiers écrits, est paru en 2004 dans la collection Poésie/Flammarion.
Liens :
Critique du livre de Jean-Luc Caizergues, Mon suicide
Extrait de "Mon Suicide" sur le site de Philippe Annocque
Sans anesthésie, article de Claude Vercey sur la revue Décharge