Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
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Proposition d’écriture :
Un paysage qui nous est familier, que l’on observe tranquillement depuis chez soi, un jardin, une cour, une place. Parvenir à l’expression la plus brève et la plus tendue pour décrire cet endroit, ce qui passe entre le dehors et ce qui nous est intérieur. Non pas l’état premier de la sensation, mais l’aboutissement de notre expérience au réel.
Entre, Antoine Emaz, Deyrolle éditeur, 1999.
Présentation du texte :
Avec Entre, Antoine Emaz cherche à « prendre le flux, le mouvement d’un soir, et descendre son courant lent. » Il y suit la transformation d’un jardin au cours d’une année. La disparition des choses sous la neige par exemple ou dans la nuit laisse démuni, perdu devant un monde vide : « on ne retient pas - on se maintient seulement dans le silence ouvert d’une nuit sans saisir ce qui vient et s’efface entre les doigts - terre et mots passent glissent lents passent reforment d’autres figures et ce peuvent être des morts des nuages ou d’anciens arbres qui se succèdent. »
Le poème devient un acte de résistance. Ecrire, pour Antoine Emaz, c’est se révolter contre l’inacceptable, c’est repousser l’enlisement dans la matière et dans l’oubli par la création du poème comme forme.
L’écriture d’Antoine Emaz est d’une de l’extrême concision, à la fois saillante et rase, comme coupé au couteau.Quelques mots brefs, des mots simples, voir redits, répétés, ressassés dans l’incertitude, douloureusement arrachés au flux du langage.
Extraits :
« On cherche et tâche de prendre à la main ce qui passe. Pas facile, c’est là et non, dans la main et pas. Assez vite, ce n’est plus ce qui a lieu mais dans leur bruit, des mots.
Pourtant, insistante dehors, cette longue poursuite criante d’oiseaux.
Bruits de couverts, par ailleurs. Voiture de police, assez loin. « Vous voulez de la sauce ? », d’une voix haut perchée. La réponse bourdonne, et à nouveau le bruit des couverts, presque du silence.
Plus tard, de moins en moins à suivre. restent les hirondelles fouillant le ciel, et la chaleur emmagasinée des pierres sous les pieds nus.
De l’air, un peu. La douleur occupe la cage : elle bloque toujours le haut. Rien de neuf. De plus en plus de pétales au pied du mur. Ça reste là.
Nuages qui passent, et c’est à nouveau du bleu dans le carré libre entre les maisons. »
Entre, Antoine Emaz, Deyrolle éditeur, 1999, pp.14-15.
« Le jardin encore
mais une telle franchise de la lumière
droite froide
sur un mur blanc
très peu de bruits dans les mots
avec ce jour brusque
cette fragilité
qui percute
c’est à n’en plus finir
être pris par l’éclat d’une pierre
et le soleil d’hiver
un pan blanc
est-ce encore un pan
à force de lumière
dans l’espace du heurt
le regard fouille
sans fin
Présentation de l’auteur :
Né à Paris en 1955, Antoine Emaz vit actuellement à Angers. Outre ses livres poétiques, il a publié des études littéraires et des poèmes dans de nombreuses revues.K.-O, Inventaire-Invention, 2004, lichen, lichen, Rehauts, 2003, Soirs, Tarabuste, 1999, Entre, Deyrolle, 1995 , Fond d’œil, Théodore Balmoral, 1995, Peu importe, Le Dé bleu, 1993, C’est, Deyrolle, 1992, En deçà, Fourbis, 1990. Derniers ouvrages : Jours - Tage, édition bilingue français-allemand, éd. En forêt / Verlag Im Wald, 2009. Plaie, éd. Tarabuste, 2009. Cambouis, Seuil, collection Déplacement, 2009 Peau, Tarabuste, 2008. Caisse claire, Poèmes 1990-1997, Seuil, 2006. De l’air, Le Dé bleu, 2006.
Liens :
Article d’Emmanuel Laugier dans la revue "Le Matricule des Anges"
Extrait de "Ras" lu par l’auteur sur le site du "printemps des poètes"