Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.
Proposition d’écriture :
Lever les yeux au ciel, tête inclinée en arrière, regarder sans fin glisser les nuages, à leur rythme, le rythme des nuages dans le ciel, lent, lentement, le ciel est bleu, c’est une couleur, bleu ciel, un bleu clair, pastel, layette on dit pour un bébé, le ciel est bleu et blanc de nuages, parsemé de nuages, lever les yeux pour les regarder, les observer avec attention, c’est un jeu, le jeu des nuages dans le ciel, c’est un jeu, ce n’est plus de notre âge, on cherche une forme, un homme, une femme, un animal, là c’est un éléphant, sa trompe regarde bien sa trompe, pas d’erreur possible, je le reconnais, sa forme blanche sur fond bleu, un nuage entre dans notre champ de vision, ouvrir les yeux, émerveillé, retour en enfance, c’est un jeu qu’on a longtemps pratiqué, les nuages qu’on voit ici à quelle distance un autre peut-il les voir ? ça y est, ça y est presque, sacré nuage, il est blanc, oblong, il glisse vers l’avant, lentement, très lentement, difficile de dire à quoi il ressemble vraiment, c’est un jeu, un nuage nu, en âge, nage sous le ciel bleu, le soleil se cache derrière, chacun son jeu, un nuage blanc dans le ciel bleu, et après, il sort du cadre qu’on lui assignait, il triche c’est un signe aussi, un cygne parfois, on ferme les yeux pour ne plus le voir, sa forme nous apparaît très nettement rose sur fond vert au fond de notre pupille avant de disparaître, lentement comme il est apparu, là-haut, un deux trois soleil.
Étude de Nuages, Claude Minière (Images de Jacques Barry), La Main courante, 1998, p.8.
Présentation du texte :
Un nuage, rien de plus mouvant, de plus fragile et d’éphémère. Claude Minière, tente d’étudier ce que c’est qu’un nuage (comment il se forme, se déplace, les formes fugaces qu’il prend, ou qu’on lui voit prendre), comme un peintre le ferait, sur le motif. Le titre d’étude ne laisse planer aucun doute, seulement quelques nuages. « Une image de nuage, comme l’écrit Anne-Marie Garat dans son livre Photos de familles, visage du présent, fin XXème siècle. Nuage atmosphérique, nébuleuse atomique. Nuage du grain argentique. »
Extraits :
ceux-là se lèvent de bonne heure
ils se dispersent avant midi
ceux-ci se lavent rien à avoir
et pourtant supports
...supports de langage
lavoir
ils sont à peine le visible
notre matière et l’extérieur qui s’équilibrent
qui n’appartiennent pas
et pourtant les peintres
es cinéastes
certains BOUGENT
(quand d’autres ne bougent pas)
Étude de Nuages, Claude Minière (Images de Jacques Barry), La Main courante, 1998, p.8.
Présentation de l’auteur :
Claude Minière est né en 1938. Poète, il a écrit de nombreux ouvrages : "L’Application des lectrices aux champs", Seuil, 1968 ; Vita nova, D’atelier, 1978 ; "Glamour", Christian Bourgois, 1979 ; "La Mort des héros" (avec Mathias Pérez), Carte Blanche, 1983 ; "Difficulté passagère", TXT, 1987 ; "L’Hommage à Lord Chandos" (avec Valère Novarina), La main courante, 1990 ; "Course libre" (avec Claude Viallat), Cadex, 1990 ; "La Chambre bouleversée", Cadex, 1992 ; "Chroniques" (avec Toni Grand), "Génération", 1992 ; "Traité de tactique et de poétique" (avec Daniel Dezeuze), Sixtus, 1994 ; "Etudes de nuages" (avec Jacques Barry), La main courante, 1998 ; "La Trame d’Or", Aleph, 1999 ; "Lucrèce", Flammarion, 1999 ; "Le Temps est un dieu dérangé", Tarabuste, 2000 ; "Hymne" (avec Djamel Meskache), Tarabuste, 2003.
Liens :
Présentation de Claude Minière sur le site du CipM
Un texte de Baudelaire sur les études de nuages d’Eugène Boudin