Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.
Proposition d’écriture :
Quel poème pour Ruzena Zentnerova ? c’est la question que pose François Boddaert dans la partie de son ouvrage consacrée à la mémoire de cette fillette tchèque morte à onze ans à Auschwitz. Tenter de répondre à cette question en dressant l’inventaire des textes, des films, qui ont posés chacun à sa manière cette même question : comment peut-on encore écrire de la poésie après la Shoa ? "Quoi fonder sur les traces de l’abîme ?"
Consolation, désir d’Europe, François Boddaert, La Dragonne, 2004.
Présentation du texte :
Consolation, désir d’Europe est le second volet des Satires cyclothymiques, un triptyque ouvert avec Vain tombeau du goût français publié par les éditions La Dragonne, en 2001, par François Boddaert.
« Loin de proposer une fresque, ces poèmes tentent de raviver, fragmentairement, quelque chose de l’illusion du mythe civilisateur de l’Europe. Mais c’est trop souvent par le drame que l’appendice occidental a magnifié son désir communautaire... La langue y a sa part. »
Le chapitre 5 de l’ouvrage est consacré à Ruzena Zentnerova, fillette tchèque assassinée à l’âge de 11 ans à Auschwitz (ici, le poème jamais écrit dans la pensée de maintes Ruzena). Il s’agit de 16 courts textes autour de la mort de cette inconnue, et l’idée d’écrire après la Shoa. Quoi fonder sur les traces de l’abîme ? pas de poème par Ruzena Zentnerova."
ca dresse un monde à l’ordre raide piège une gare à Bologne, cette banque milanaise. Les bougres se dissolvent dans le souci de vaincre : partout l’époque gicle aux jointures, sautent verrous, déflagrent maints ordres et boursicotent les âmes - fêlures, fissures, fractures et failles.”
Extrait :
« 3. Ruzena Zentnerova périt à onze ans. Legs d’une saisissante aquarelle ; hoirie au mur. Le soleil noir des Romaniques, en haut à gauche, s’enfuit, lançant les cercles multicolores du spectre solaire à l’affrontement d’un grand aplat obscur : envahit le reste de la feuille. Du nord, férocement jupitérien, ce monstre-éclair serpentin, réhaussé de kaki, zèbre la page, accusant la descente emblématique de l’homme sous la terre. La fillette a dégagé, au septentrion droit, un espace où mettre son nom, Ruza Zenter - déjà amoindri - ; son casernement, 1er groupe ; une date, 20.VI. Sur la carte de l’Europe, Auschwitz est sembleblement orienté - substantivation devenue force d’us et d’abus un terrible lieu commun. Marquant sa place fugitive, la jeune fille a pointé l’endroit prochain de sa disparition fantomatique, sous la vague de ceux déjà frappés du monogramme absurde. Comment tenter le poème ? »
Consolation, désir d’Europe, François Boddaert, La Dragonne, 2004.
Auteur :
François Boddaert est né le 26 juillet 1951 à Sens. Poète, essayiste, romancier. Il dirige les éditions Obsidiane qu’il a créée en 1978. Il est responsable des revues de poésie Le Mâche Laurier et Argotem. Tombeau du goût français, Obsidiane, 1987. Ars Magna Piscandi, Ed. du Titre, 1988. D’un crime prémédité par lettres’’ : roman, L’Alphée, 1987 - Le Temps qu’il fait, 1991. Ce livre de malheur, et des corps, Le Temps qu’il fait, 1991. Le portatif de la provocation : de Villon à Verdun en 333 entrées, avec Olivier Apert, Presses universitaires de Vincennes, 2000. Le secret des Namboucs : petit conte poilant, avec Patrick Maury, Obsidiane, 2000. Satires cyclothymiques, La Dragonne, 2001. Vain tombeau du goût français, La Dragonne, 2001.
Liens :
La page de François Boddaert sur le site de son éditeur "Le Temps qu’il fait"
Présentation de François Boddaert dans le cadre du Prix des découvreurs de Boulogne-sur-Mer
Le Matricule des Anges : Vain tombeau du goût français - François Boddaert