Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
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Proposition d’écriture :
À l’aide de la formule Je pense à, faire défiler dans sa tête la galerie des portraits des personnes qui comptent pour vous et tenter d’en restituer l’essentiel par écrit, en passant d’un portrait à l’autre comme on passe d’un mot à l’autre dans une phrase quand on écrit vite, en étirant les phrases, en les faisant rebondir ou s’entrechoquer.
Va où, Valérie Rouzeau, Le Temps qu’il fait, 2002.
Présentation du texte :
Va où c’est un peu la contraction de Valérie Rouzeau. Quand on va vite on mange les mots. Valérie Rouzeau ne les mange pas, elle les dévore littéralement. On parle de précipitation. Et on a raison. Les mots vont si vite que les phrases s’étirent, s’allongent, deviennent de véritables élastiques. Ce livre est composé de courts poèmes aux phrases longues montées sur ressort : allitérations, polysémies, raccourcis sémantiques, jeux de mots, de sonorités et de sens. La langue de Valérie Rouzeau swingue, syncope pour exprimer avec drôlerie, les violences du monde comme il ne va pas et la matière d’une langue qui se prend les pieds dans le tapis de ses habitudes.
Extrait :
« Je pense aux personnes merveilleuses de ma vie je pense à vous mes amis vous mes inconnus innombrables je pense à Robert Desnos [1] dont les yeux étaient des perles je pense à Rimbaud le jeune homme vert qui rougissait jusqu’aux oreilles je pense à d’Aubigné couché avec ses pistolets Je pense aux personnes à merveille dans ma vie mes frères loin mes potes en allés mes jamais rencontrés je pense au cœur de ma mère solitaire je pense sur la tête de mon père je pense à mes aïeux en rangs d’oignons dessous la terre je pense à ma grandmère sempiternelle qui avait le blues toujours dans sa vieille blouse Je pense aux personnes de merveilleuse à vie je pense à leurs coups de mains je pense à leurs coups de pieds au soleil cou coupé et à baise m’encore je pense à leurs coups de reins je pense à leurs coups de dés Je pense aux personnes qui me merveillent la vie d’hier à aujourd’hui et jusqu’au lendemain la merveille de leurs voix de leurs rires et chagrins je pense à eux longtemps je pense à eux très vite je pense à elles aussi je pense partout à lui Je pense aux personnes dans ma vie merveilleusement je pense merveilleusement aux personnes de ma vie car je n’oublie personne personne et pas même moi je pense à tout le monde et m’y trouve comprise je pense à moi qui pense à vous et à merveille »
Va où , Valérie Rouzeau, Le Temps qu’il fait, 2002.
Auteur :
Née le 22 août 1967 à Cosne-sur-Loire (Nièvre), Valérie Rouzeau vit à Tours. Elle a publié huit recueils, traduit des poèmes (de Sylvia Plath, William Carlos Williams, Denise Levertov, Anne Sexton, Emily Dickinson...) et publie avec Jean-Pascal Dubost, dans la revue Décharge, des dossiers consacrés à des poètes contemporains. Après diverses publications dans des revues, ses deux premiers recueils édités ont été très remarqués (Pas revoir en 1999 et Neige rien en 2000).
Liens :
L’éditeur de l’ouvrage "Va où" de Valérie Rouzeau
Valérie Rouzeau sur l’excellent site PoésieChoisies.net
Un article de Thierry Guichard du "Matricule des Anges"
[1] Infinitif Corps et biens (Les ténèbres) Y mourir ô belle flammèche y mourir
voir les nuages fondre comme la neige et l’écho
origines du soleil et du blanc pauvres comme Job
ne pas mourir encore et voir durer l’ombre
naître avec le feu et ne pas mourir
étreindre et embrasser amour fugace le ciel mat
gagner les hauteurs abandonner le bord
et qui sait découvrir ce que j’aime
omettre de transmettre mon nom aux années
rire aux heures orageuses dormir au pied d’un pin
grâce aux étoiles semblables à un numéro
et mourir ce que j’aime au bord des flammes. Robert Desnos