Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
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Proposition d’écriture :
Faire apparaître une forme, un récit. Mais cette narration est recouverte par la matière même de la langue, on ne perçoit que les bribes d’une histoire à jamais enfouie en même temps qu’une autopsie mécanique de la langue qui démonte la narration, qui déjoue la mélodie. Entre dévoilement et recouvrement, mystère et révélation, écrire un long poème qui s’élève comme des pans de mur qui empêchent la vision du paysage mais permettent aussi que des fenêtres sur le monde soient créées.
Un récit que notre joie empêche, Hervé Piekarski, Flammarion, 2001.
Présentation du texte :
« Le livre est le lieu d’un conflit entre deux langues, écrit Thierry Guichard dans le Matricule des anges. À celle qui se donne pour poétique et exhibe son apparente beauté : "Un bouquet de roses sur la table apaise la salle", répond, mécanique et incisive celle qui rejette jusqu’aux verbes : "Fixations. Transparence. Imperfection du système de fixation des tenseurs-". La première habille le monde, lui fait revêtir ses apparats, la seconde le dévêt, le dénude. Comme s’il fallait désapprendre à dire le monde pour enfin le voir. »
« Je ressens la poésie, et plus que ça, le langage, comme une maladie et dans certaines œuvres littéraires, il y a rémission, la maladie est suspendue. Or, il faut que le langage soit suspendu pour que le monde apparaisse. Dans la poésie institutionnelle, le réel est escamoté. Le but de toute ma vie, c’est le projet rimbaldien : c’est que le monde apparaisse. Le récit, c’est le monde. On ne peut se libérer de la maladie du langage que par le langage. Il y a donc des énoncés non poétiques (suspension) et des énoncés poétiques (suspensions de la suspension). C’est pour cela que le livre est en déséquilibre, en oscillation immobile. Quand on est dans le langage-fièvre, on est dans la joie, la jubilation poétique. Or la jubilation poétique empêche la matière. »
Extrait :
« Que son interruption la soutienne est abolir et soumettre la herse, loin. Très loin du monde se dévoile, ne dit rien. Saisit le père par les épaules. Ignore le fils. Ignore la vacance de l’arc, la vitesse de la cible. Commente l’autre bouche dans l’éclipse et le bond. Suspend -
Puissant traverse le tremblement et le feu -
Comme nuit et vent dans le plus haut désir, la violence de l’instrument. Dépose sur la table. Calmement. La légende embrasse la totalité du visible connu, unifier la couleur ne sauve pas. La soif efface la gorge. L’homme debout dans le hall a trouvé la force une fois encore de mentir, le visage dans le miroir brûle. Un escarpement soustrait à la peinture soumet l’unicité du récit, la cruauté de l’échappée découvre une profondeur nouvelle. La main est ferme. La signature ajourne la mémoire de l’initiale, opacité brève, douce prétention moquée dans l’air bleu. La glissage illumine le gouffre - »
Un récit que notre joie empêche, Hervé Piekarski, Flammarion, 2001.
Auteur :
Hervé Piekarski, écrivain, anime la Boutique d’écriture à Montpellier. Il a publié une dizaine d’ouvrages, principalement aux éditions UnesDerniers livres parus : ’’Le gel à bord du Titanic’’ (Flammarion), ’’Tomzack’’ (Atelier des Grames). "Un récit que notre joie empêche’’, est paru en 2000 aux éditions Flammarion.
Liens :
Présentation du livre d’Hervé Piekarski suivie d’un entretien avec Thierry Guichard
Boutique d’écriture à Montpellier animé par Hervé Piekarski Hervé Piekarski sur Remue.net