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Séance 186

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Tenir une forme de journal du regard autant qu’une tentative d’inventaire de l’espace urbain, en procédant par répétitions, déclinaisons, diffractions de ce qui se donne à voir et à comprendre, dans la brièveté et le mouvement. Quand on prend le métro par exemple, pendant les quelques minutes passées chaque jour sur le même parcours entre deux stations. En train, ou même à pieds lors d’un trajet quotidien entre un lieu et un autre.

Fenêtres, Open Space, Anne Savelli, Éditions Le Mot et le reste, 2007.

Présentation du texte :

Tous les jours, le métro parisien — ainsi que dans toutes les grandes villes du monde — transporte par milliers, son flot de voyageurs. Parmi eux, sur la ligne 2, en partie aérienne, une femme note sur son carnet, quotidiennement, des bribes du paysage urbain qui défile continuellement derrière les vitres. Ce trajet rythmé par des séries de fenêtres d’habitations ou de bureaux lui permet de saisir une part d’humanité : une femme sur son balcon entre la lessive et une parabole, un homme qui boit son café au soleil… Tout est une question de regard.

Une écriture qui dialogue sans cesse, on l’aura deviné, avec une autre tentative d’épuisement célèbre autant qu’avec Paysage Fer, pour ce que le visible sans cesse y reste à construire, à conquérir, à arracher à la torpeur, à l’habitude, à l’emportement. « Noter chaque matin ce qu’on voit en choisissant une fenêtre, écrit l’auteur. Noter ce que la ville fait surgir, fenêtres aux cadres qui se succèdent, se chevauchent ou s’emboîtent, paysage où il faut à toute force aller chercher ce qui bat, ce qui pause, ce qui donne de l’air pour supporter ce que la contrainte rétrécit en nous, ce qu’elle épuise… »

Extraits :

« Mardi – On peut se laisser entraîner par la ligne de fuite, le bord extérieur du rail converti par les pointillés, la chaussée, longer le trottoir, bifurquer, sauter à pieds joints dans les stries, disparaître. Mais l’œil se lasse et retourne aux fenêtres, ne sait pas se contenter du ballast, des grilles et des voies à vélo. Il exige le clocher de l’hôpital, quelques ardoises fluides, le ciel large qu’il ne reverra pas de la journée. »

Fenêtres, Open Space, Anne Savelli, Éditions Le Mot et le reste, 2007, p.30.

« Peu de temps avant la fin de mes trajets, je me suis rendue compte qu’existaient, à droite et à gauche du wagon, un côté riche, un côté pauvre. Côté riche : l’hôpital, le cirque, le canal. Côté pauvre : Tati, mes fenêtres squattées, les panneaux A vendre sur des façades décrépies, vérolées, les petits bazars de la Goutte d’or. Il y avait beaucoup plus à voir côté pauvre, le côté riche, trop lisse, glissait le long d’immeubles aux rideaux sages. On dira que c’est un jugement de surface. C’en est un. Les voies ferrées des deux gares, elles aussi, diffèrent selon le côté où l’on se place. A gauche : voies vides, passe rarement un train de banlieue cocardier, bleu blanc rouge, moche comme les anciens T.G.V. A droite : voici les trains qui partent en province, à l’étranger. Nouveaux T.G.V. Atlantique, Eurostar, Thalys. Et quelquefois une sorte de Micheline fumeuse, comme dans un tableau de Monet. »

Fenêtres, Open Space, Anne Savelli, Éditions Le Mot et le reste, 2007, pp.43-44.

Présentation de l’auteur :

Née en 1967 à Paris (Port Royal), ville où, entre deux déménagements ici ou ailleurs : a découvert Rimbaud et Verlaine à cinq ans grâce au radiocassette de sa mère (Château rouge), s’est demandée ce que Jean Genet faisait en prison (Cluny la Sorbonne), a rangé et dérangé ses livres (Jourdain, Oberkampf, Jacques Bonsergent…), en a acheté (aux puces, partout), a chômé (Porte de Saint-Ouen), a travaillé dehors (en librairie à Bonsergent, dans des associations d’insertion à Barbès et Pelleport, dans les bureaux d’une société internet américaine à Courcelles…) ou en télétravail pour la presse et l’édition (à Saint-Ouen, Stalingrad, Colonel Fabien), a fréquenté les gares (du Nord, de Lyon, de l’Est, Saint-Lazare), a écrit, regardé par terre, en l’air, continue.

Liens :

Blog d’Anne Savelli

Présentation du livre d’Anne Savelli

Page présentant les éditions Le mot et le reste

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