Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
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Proposition d’écriture :
Ecrire un texte à partir d’une sélection de citations d’auteurs connus ou inconnus choisies pour leurs thèmes communs et l’écho qu’elles peuvent avoir avec ce que l’on a vécu, tout en se permettant, dans la composition du texte, l’ajout progressif de brefs textes personnels.
Sous réserve, Hélène Frappat, Allia, 2004.
Présentation du texte :
Hélène Frappat a beaucoup collaboré aux Cahiers du Cinéma. Elle a notamment écrit une étude très remarquée sur Jacques Rivette, dont elle parle dans Sous réserve, son premier roman qui se situe à mi-chemin entre la fiction et l’autobiographie. Dans cet ouvrage elle aborde le thème du mensonge d’une façon assez originale. La construction de son texte rappelle le montage cinématographique : 477 fragments sous forme de citations, extraits de correspondances entre Jean-Jacques Rousseau et Mme de La Tour, lettres passionnées de Maria von Herbert, admiratrice de Kant en plein chagrin d’amour, confessions de la narratrice et sa fascination pour le philosophe Jean-François Lyotard qu’elle rencontre avant sa mort et voix d’un personnage mystérieux). Elle passe en revue sa vie, ses petits et grands mensonges, ses angoisses, et les entrecoupe de citations et d’anecdotes sur de grands philosophes (Emmanuel Kant, Jean-Jacques Rousseau et Jean-François Lyotard). Hélène Frappat parvient ainsi à faire émerger une fiction et tient le lecteur en haleine tout au long d’un cheminement philosophique, qui l’oblige à recoller, chacun à sa manière, les pièces du puzzle.
Extraits :
La réserve n’est pas un moyen terme entre la vérité et le mensonge. "Celui qui est sincère mais réservé (celui dont le cœur n’est pas ouvert) dit toujours des choses vraies mais ne dit cependant pas toute la vérité." (Kant à Maria von Herbert) La réserve est la découverte que l’on peut, (se) retranchant du langage, dire vrai. Alors la vérité n’est plus ce supplément, ce trop plein en lequel Rousseau fait résider "la bonne foi, la véracité, la franchise", lorsqu’il s’enorgueillit, d’un orgueil coupable, d’avoir trop dit." Je n’ai jamais dit moins, j’ai dit plus quelquefois, non dans les faits, mais dans les circonstances, et cette espèce de mensonge fut plutôt l’effet du délire de l’imagination qu’un acte de la volonté."
112. Depuis tant d’années que je lisais les mêmes pages, j’ignorais que "le mensonge" transgresse, non pas "la vérité", mais ce que, d’un terme bien mystérieux, Kant nomme "sincérité" - ou, plus mystérieux encore, "véracité".
113. Tel est l’"enseignement" que Maria von Herbert reçoit de Kant. "Le défaut de sincérité est une corruption de la façon de penser et un mal absolu. Celui qui n’est pas sincère dit des choses dont il sait pertinemment qu’elles sont fausse ; dans la Doctrine de la vertu cela s’appelle "le mensonge". Aussi inoffensif soit-il, il n’est pas pour autant innocent ; bien plus, il porte gravement atteinte au devoir qu’on a envers soi-même, et qui est absolument irrésistible parce que sa transgression abaisse la dignité humaine dans notre propre personne et attaque notre manière de penser à la racine ; en soupçon, et ôte à la vertu elle-même la confiance qu’elle inspire dès lors qu’il faut la juger d’après ses apparences.
Sous réserve, Hélène Frappat, Allia, 2004, p.42..
Présentation de l’auteur :
Philosophe, traductrice de l’anglais et critique aux Cahiers du Cinéma, Hélène Frappat a publié Jacques Rivette secret compris, une étude très remarquée sur le cinéaste et ses films. En 2004, elle publie Sous réserve, sa première oeuvre de fiction.
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