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Série photographique sur les marchés du East End London

Descendus à la gare de Shoreditch High Street, nous empruntons la bien nommée Chance Street accueillis par un énorme rat dessiné par la street artiste ROA, originaire de Belgique et spécialiste des dessins d’animaux en milieu urbain, peint à même le mur de briques de l’immeuble.

Nous avions vus une de ses œuvres dans une ruelle de Bruxelles, l’année dernière à la même époque. Et nous en découvrirons une seconde, près de Brick Lane.

Direction Arnold Circus : ici se trouvait Old Nichol, le pire slum (taudis) de Londres à la fin du 19ème siècle. Les habitants dont la plupart étaient des
enfants, y habitaient dans des conditions horribles, dans des maisons vétustes et surpeuplées. Le portrait de Karl Marx juché sur le tronc d’un des arbres de la place, discret clin d’œil à la lutte des classes (homme libre et esclave, patricien et plébéien, seigneur et serf, patrons et ouvriers) dont l’opposition constante est le moteur de l’histoire.

En 1891, la ville décida de raser le quartier, expulsant ses habitants plus à l’Est, pour y construire un quartier modèle avec des immeubles décents pour la working class. Les gravas de l’ancien taudis forment la butte sur Arnold Circus, juste sous le kiosque à musique.

Le marché aux fleurs de Columbia Road, tout proche de Brick Lane, petite rue typique de l’architecture de l’Est de la ville, avec ses maisons à un étage faites de briques rouges. L’un des plus anciens de Londres, il existe depuis 1869.

Tous les dimanches, la rue s’anime et accueille ces vendeurs de fleurs et plantes à l’accent cockney. On les entend de loin, haranguer le chaland et proposer des abonnes affaires. Ce jour-là, trois jeunes femmes vêtues de bleu chantent leurs chansons qu’une courte ondée interrompt. Dans la rue, nous croisons de nombreux habitants rentrant chez eux une brassée de fleurs dans les bras. Une jeune fille aux longs cheveux blonds frisés vend des cup-cake faits mains sur le trottoir devant sa maison.

Dans ce quartier de l’East London, Brick Lane se trouve à deux pas du grand marché aux fleurs et rassemble dans un joyeux déballage les puces et vendeurs de vêtements et objets vintage très à la mode.

Nous entrons dans une ancienne halle de briques et de poutres métalliques, immense bâtiment vitré, lumineux et vivant, où se trouve le marché de Brick Lane, lieu de rencontre, de partage, d’échange… mais avant tout un concentré d’odeurs appétissantes.

Le marché est plein à craquer, personnes qui se restaurent, venus seuls ou en famille, entre amis ou en couples, tous âges, origines, niveaux sociaux culturels confondus, mélangés dans une joyeuse assemblée gourmande et bavarde.

Autour d’un bar central proposant boissons et desserts, les étals présents offrent une diversité culinaire surprenante (stands mexicain, libanais, espagnol, éthiopien, marocain, turque, belge, cubain japonais, italien, thaïlandais), avec parfois d’étonnantes rencontres (le Maroc voisine avec le Japon), chacun faisant de son mieux pour attirer l’attention des chalands.

D’énormes casseroles fumantes, où viandes et raviolis crépitent sur des plaques chaudes, de grands bols de légumes, de sauces, de riz parfumés, et la dextérité des cuisiniers s’affairant à préparer tous ces mets sous nos yeux gourmands.

L’occasion de découvrir la diversité culinaire hors du commun de Londres.

En empruntant la Fournier Road pour rejoindre la City depuis Brik Lane, nous rencontrons un vieil homme d’origine suédoise qui promène son chien. Me voyant photographier les magnifiques devantures des vieilles demeures de la rue quasi déserte, l’homme s’approche de nous et engage aimablement la conversation. Il nous parle de l’histoire religieuse. La bâtisse faisant l’angle avec Brick Lane était tout d’abord une chapelle huguenote (La Neuve-Eglise) construite en 1743, mais elle avait également servi comme église protestante, elle accueillit tour à tour un grand nombre de Juifs d’Europe de l’Est et de Russie, puis elle a été transformée en synagogue pour devenir dans les années 1970 le London Jamme Masjid (la Grande Mosquée), le cœur musulman de la communauté bengalie.

Il nous apprend également que cette rue calme abrite des artistes britanniques très renommés. C’est en effet là qu’habitent le photographe Hugo Glendinning, les artistes Tracey Emin, Gilbert et Georges.

À l’autre bout de la Fournier Street, à l’ombre de la superbe église baroque de Christchurch, le pub Ten Bells, fut le cadre des cinq meurtres particulièrement sauvages perpétrés par Jack l’éventreur entre août et novembre 1888. Jack l’éventreur, y croisait, dit-on, les prostituées devenant ses victimes. Mais le souvenir de Jack the Ripper semble bien loin aujourd’hui.




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