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En marge de l’atelier "Inventer la ville" à Sciences Po

Ce matin, pour l’atelier avec les élèves de Sciences Po Inventer la ville, nous avons travaillé, pour la deuxième séance consécutive, sur l’écriture d’un récit collectif.

Nous avons de nouveau pioché dans l’ensemble des textes écrits depuis le début de l’atelier, afin de composer de courtes phrases (entre maxime, description elliptique et micro-fiction), qui peuvent toutes commencer par la mention : Vous êtes ici.

Une fois n’est pas coutume j’ai également écris un texte pendant la séance. Les photographies qui accompagnent ce texte ont été prises à l’issue de l’atelier, boulevard Saint-Germain, et sur le chemin pour rejoindre la gare de Lyon.

Trop de choses pour une seule ligne. Les galeries émergent à chaque coin de rue. Les petites cours, cachées derrière de grandes façades laissent place à une beauté naturelle qui oblige les passants à ouvrir les yeux. Les voitures, le monde, le bruit cohabitent, de manière nonchalante frisant l’indifférence, avec le confort résidentiel.

Il suffit d’un petit tronçon très anodin bordé d’arbres à remonter pour se retrouver de nouveau en pleine agitation. Toutes ces vies donnent un peu le tournis, heureusement c’est un film muet.
Les touristes se relayent, accompagnés d’une clameur permanente. Une policière en uniforme traverse la rue en discutant attentifs ensemble. Tous dans des directions opposées.

Les enseignes sont nombreuses et variées, les vitrines se succèdent. On y trouve tout, pas besoin de s’avancer bien loin pour se ravitailler ou entretenir une conversation polie de coin de trottoir. Beaucoup de petits bistrots, cafés de quartiers pour les habitués.

Foule farfelue, bric-à-brac et boutiques en tous genres. Juste à côté la ville-décors : petites cours géométriques, grandes façade parallèles, galeries à chaque coin de rue, la majesté d’une pyramide, les jardins et leurs hautes grilles aux piques dorées. Les immeubles gris sont lacérés, déchirés par le temps.

L’architecture varie aussi rapidement que l’allure des citoyens. Une dame traverse la rue, ses tallons claquent, elle est en retard. Un chien, son propriétaire baisse les yeux. Un vélo passe. Une porte s’ouvre soudainement, une femme souriante, emmitouflée dans d’antiques lainages, jette le contenu d’un seau dans la ruelle. Une odeur de mais ou de shit, ça dépend des jours.

Les jupes sont légères, les caddies de courses avancent tranquillement. Quelle idée de mettre des talons aiguilles si hauts ? Les rues sont caressées par le soleil. L’étroite artère fourmille : brasseries, bars, tabacs, poissonniers.

Les néons clignotent de toutes parts. Doux ronflement de la ville. Terrasse du café qui côtoie les terrains de basket. Bruits de rumeurs enfantines l’après-midi qui laissent place aux pique-nique d’été en soirée.

Le chassé-croisé devient incessant. Véritable tourmente qui caractérise la ville, on ne la ressent qu’en s’enfonçant au hasard des rues les plus étroites, les plus méconnues du visiteur étranger. Chaque fois, c’est la même chose, la première impression. Une rue vide, bordée par des murs qui s’effritent et par dessus lesquels dépassent des branches touffues.

La rue, les voitures, les passants. Des noms de rue manquants. Chaque petite alvéole de la ville irrigue son corps, lui permet de ne pas dégénérer. Ses minuscules rues sont comme des capillaires sanguins, qui vont jusque dans le reste du corps afin d’apporter la vie. Trop de choses pour une seule ville.

Un rayon de soleil fait son apparition par cette fenêtre bien particulière. Celle qu’on ouvre grand quand tout devient irrespirable à l’intérieur. Un visage s’impose à moi.

Avec un peu de recul cette fenêtre ne donne rien à voir, mais de dehors les curieux s’arrêtent pour regarder dedans. Mais je crois que c’est dans mes rêves.


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