Créer à partir de textes des images conçues par le biais de l’artefact génératif DALL-E, écrire un texte en regard de ces images.


Anima Sola #16

Un épais brouillard envahit peu à peu les rues de la ville, modifiant ses proportions sous ce nuage gris, par nappes douces et persistantes. Les murs se grisent. Les fenêtres s’obscurcissent. Les perspectives se réduisent. Les passants ne sont plus que de pâles silhouettes qui s’effacent dans l’air, sans qu’on parvienne à les reconnaître, à déceler les traits de leur visage anonyme aux contours énigmatiques. Ils avancent dans la rue comme des fantômes. Même les bruits urbains qui nous envahissent d’habitude de leur brouhaha continuel changent d’intensité, adoucis par ce mystérieux nuage qui couvre le paysage d’un voile léger. Personne ne parvient à deviner l’origine de cette brume. Est-ce dangereux, nocif ? C’est inodore, mais c’est peut-être un leurre ? Un danger potentiel ou juste un phénomène naturel inexpliqué ? Difficile à dire. Au sol, de nombreux flocons de matières indistinctes jonchent les trottoirs. Les pas laissent leurs traces dans cette poussière volatile. Les néons des boutiques attirent l’œil à cette heure où d’habitude, en pleine lumière, on n’y prête guère attention. On ne parvient plus soudain à déterminer l’heure exacte. La lumière s’est troublée, délétère. Les regards se cherchent, se questionnent. Aucune réponse ne vient. Chacun reste de son côté, tentant vainement de comprendre ce qui ne s’explique pas encore. Cet étrange phénomène. J’ai le sentiment que c’est comme au cinéma, les choses sont ce qu’elles sont et tu dois les accepter. L’inquiétude monte et s’empare de tous. Les gestes s’impatientent à force d’esquives. Il n’y a rien à faire. Il faudrait juste rentrer chez soi. Je ne dis rien mais cette situation m’inquiète. Je remarque soudain que je suis la seule femme encore dehors. Je n’ai croisé que des hommes sur mon chemin. Ils se ressemblent tous. Une soixantaine d’année, de taille moyenne, fins, les cheveux gris. Au début, j’ai cru que c’était la même personne que j’avais rencontrée une première fois en sortant du café puis en revenant sur mes pas pour rentrer chez moi. Mais d’autres comme lui ont surgi. Je ne pouvais plus les confondre, mais le doute persistait, et l’inquiétude montait en moi. Je ressens comme une somnolence, je ne sais pas comment l’expliquer. Les passants s’éloignent peu à peu. Je présume un moment de réalité. En tournant à l’angle, je pénètre dans une rue plus étroite. Je retiens mon souffle. Ce que je vois est inhabituel. Un troupeau de biches immobile au milieu de la chaussée. En me voyant elles se sont figées comme moi. Leurs yeux brillants me fixent avec insistance. Nous nous regardons mutuellement. Ce moment dure très longtemps. Le temps semble s’être arrêté. Je vois à force de mots et d’images, un abîme insatiable. Je veux regarder en l’air. Comprendre ce qui se passe. Je n’y parviens pas. Je ne suis pas en danger, mais je comprends dans leur regard que je suis le danger. Je me sens décalée. Au mauvais endroit. Je me sens hors d’atteinte si loin du café. Il y a quelque chose de sauvage dans cette scène. L’animal en moi est mort depuis si longtemps. Je m’en étonne mais c’est justement l’essentiel qui est insaisissable.

« Discerner c’est d’abord toujours mieux identifier les sources qui sont à l’origine de la représentation du monde à laquelle nous avons à faire.

Discerner c’est aussi cerner, c’est-à-dire circonscrire la forme, l’idée du bruit. L’agencer et lui offrir sa contre forme qui lui permettra de prendre toute sa puissance – en un mot redonner ses lettres de noblesse au silence. »

IA, complotisme : face à l’industrie de la vraisemblance, l’avènement d’une économie du discernement  ? Edwin Mootoosamy Guillemané & Anais Guillemané Mootoosamy, Usbek & Rica