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Récit poétique à partir d’images créés par procuration

Créer à partir de textes des images conçues par le biais de l’artefact génératif DALL-E, écrire un texte en regard de ces images.


Anima Sola #25

Je fuis tous les miroirs de la maison. Je me cache dans un coin de ma chambre. Je m’y retrouve avec un peu de chance. Je ferme la main sur un livre. La page blanche c’est de la magie noire. Je m’évanouis dans le souvenir des hagiographies. Je reste absente du tableau qui est le monde. Je m’endors la paume tournée vers l’intérieur. C’est une image d’enfance, une image qui revient me hanter régulièrement. Je suis seule, égarée en chemin dans un paysage que je ne reconnais plus, un lieu qui me devient étranger, sans doute à cause de la faible lumière. La nuit tombe, il fait froid. Le vent souffle et fait trembler les arbres. Leurs longues branches nues se balancent dans l’air gris du soir, et leurs bruits me glacent d’effroi. J’avance pour ne pas rester sans rien faire, immobile, en danger, exposée dans ce paysage désolé. Il va faire bientôt nuit. Je ne sais pas ce que je fais là, pourquoi je suis seule, abandonnée, livrée à moi-même. Démunie. Je frissonne. Je saisis un nouveau morceau fragile et précaire de moi-même. C’est bien plus qu’une image et ce n’est déjà plus l’enfance. Cela ressemble à des souvenirs imprécis, aux fabulations de l’enfance. Je grandis dans cette image où la peur me saisit. C’est une image de la peur. Je sens l’air qui s’immisce sous mes vêtement, ma peau frissonne, mes poils se hérissent. Je sens les ombres des arbres se balancer dans mon dos. Certaines sont si grands, on dirait des silhouettes d’hommes menaçant. Leur dégaines courbée qui fondent sur moi, leur souffle épais. Quand je me retourne, ces ombres changent brusquement de direction qui ressemble à une murmuration d’oiseaux dans le ciel avant de s’effacer dans la pénombre. La nuit s’épaissit très vite. Le jour tombe comme un couperet. Je n’y verrais bientôt plus rien. Et ce sera trop tard. Je réalise que la vie est un mouvement ascendant avec un clic final. Je regrette le temps comme un éventail s’emplit de lui-même. Je ne pourrais bientôt plus me repérer et resterai bloquée à cet endroit, la peur au vente, car la peur est partout. Je m’ouvre comme des mains d’aveugle. Dans la nuit je crois entendre certains animaux se frayer un chemin vers moi. Les croassement des grenouilles, les pas furtifs de lapins qui détalent dans les fourrés, les chouettes qui hululent au sommet des branches. Je perçois leur présence animale. En d’autres circonstances, je pourrais les craindre comme cette immense toile d’araignée, les gouttes d’humidité perlent dessus en autant de minuscules diamants brillant dans l’obscurité. Je soulève une mouvante constellation. Des poussières d’étoiles Je me sens moins seule. Je peux m’en sortir. Je souffle dans un léger soupir. Je sème une fantaisie soudaine sur mon chemin.

« L’image vraie du passé passe en un éclair. On ne peut retenir le passé que dans une image qui surgit et s’évanouit pour toujours à l’instant où elle s’offre à la connaissance. »

Benjamin Walter, Sur le concept d’histoire, in Œuvres, vol. 3, Paris, Gallimard, 2000.


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