Du lundi 31 mai au jeudi 3 juin 2010, à partir de 23h., dans l’émission de Thomas Baumgartner, séquence 2 voix 5 minutes, diffusion du texte Les lignes de désir de Pierre Ménard, en quatre épisodes.
Réalisation d’Anne-Pascale Desvignes, avec Rebecca Stella et Olivier Claverie (comédiens).
De quoi ça parle, Les Passagers de la Nuit ? De l’extraordinaire au quotidien. Du monde à hauteur d’homme, qui n’est jamais plus beau et passionnant que dans ses replis, dans ses coins cachés, dans des récits personnels…
Les lignes de désir, c’est quoi au juste ?
Un livre devient un autre livre à chaque fois que nous le lisons. Une ville c’est pareille invention, voyage à travers le temps, chaque parcours la transforme. Marcher dans les rues, c’est entrer dans les pages d’un livre. En garder une trace. Avec cet étonnement de voir, au fil du temps, se dessiner un chemin qui n’existait pas au moment où on le parcourait. Ce dialogue n’est pas celui d’un voyage, mais d’un parcours. Un ressassement de mots en mouvement dans le sens d’une marche en avant, dans le bruissement, la rumeur de la ville, son quotidien et la juxtaposition ou l’entrelacement de nos lignes de désir.
Les lignes de désir #1
Les lignes de désir #2
Les lignes de désir #3
Les lignes de désir #4
1ère partie (extrait) :
LUI : Je sors dans la rue et m’y promène comme on ouvre un livre au hasard, je tire au sort pour savoir où je vais, dans quelle direction, toujours aucun but précis, à ville ouverte. Je lis la page qui me tombe sous les yeux et c’est là ce qui m’intéresse.
ELLE : Un homme avance dans les rues de la ville, il marche vers un but dont on ne devine que peu à peu ce qu’il est, un rendez-vous avec une femme. De cette femme on ne sait rien.
LUI : Parfois, dans une rue, vous entendez un bruit lointain. Ce que l’on ne raconte pas à sa femme ni à son ami, il faut le raconter à un étranger.
ELLE : Les mots tournoient dans sa tête au rythme de ses pas. Ce qu’il observe en marchant, ce qu’il veut dire à cette femme qu’il rejoint, ce qu’il a sur le cœur.
LUI : Ce vide, voilà ma réponse. C’est la chance des rencontres.
ELLE : Il avance en se parlant à voix haute.
LUI : Je veux tourner la page.
ELLE : En écho à cette voix une autre voix se fait entendre. Il dit je et la seconde voix le vouvoie et lui répond, comme une image aperçue fugitivement en chasse une autre, et se surimprime au rythme des pas, en fonction de la marche de la parole.
LUI : Nous nous souvenons d’une chose et pour nous la remémorer nous empruntons différents chemins.
ELLE : Sans autre certitude que le fil du présent, les rues où nous avançons en équilibre, fixant un point, une image invisible de la ville devant nous. Une voix dans la tête qui nous dit avance. Une autre nous répond.