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Chantier du Tramway T3 Paris Nord-Est

Suite du Journal de bataille que j’ai entrepris en lisant dans le Petit Journal du Tiers Livre de François Bon le journal des chantiers tenu par Piero de Belleville dans les commentaires du site, je reprends en écho mon journal pour un nouvel épisode écrit entre novembre et décembre 2012 autour du chantier du tram T3 Paris Nord-Est.


Ce que je retiens, ce qui m’attire dans le chantier, c’est la transition, ce qui y a entre deux moments, dont nous ne gardons généralement trace que de l’issue, du résultat, point final, jamais le passage, ce qui se passe, et ce qu’il y a eu entre.

Un chantier est ce moment privilégié de l’entre justement (et souvent également de l’antre : trou béant creusé à même le sol, ouverture de la ville en son creux. Chacun se souvient du trou des Halles. Mémoire photographique pour en attester, en garder trace de l’exceptionnel chantier en plein coeur de Paris. Mais combien d’autres chantiers dont nous ne prêtons même plus attention en ville, chantiers devenus invisibles, ou que l’on cache souvent, indécence des entrailles même quand il s’agit de celles de la ville, dans son quartier même, devant lequel nous passons tous les jours dans l’indifférence feinte des intermédiaires, des transformations urbaines, des basses œuvres, que nous devinons à peine derrière les palissades recouvertes d’affiches (politiques ou publicitaires, selon la période), dressées pour nous en empêcher l’accès ?


Le chantier évoque la création en train de se faire. Comme si l’on pouvait arrêter le temps et voir ce geste gracieux, insensé, que nous ne parvenons pas à répéter, impossible à reproduire, inédit, mais là, avoir le temps de le voir au ralenti - prendre ce temps.

On compare souvent deux endroits en deux temps éloignés, manière de se confronter au temps qui passe, en voir l’évolution, les moindres changements. Mais rarement nous nous intéressons à ce qui est en train de se dérouler, le moment présent, l’actuel et tentons de le voir prendre forme, évoluer.


Dans de nombreuses villes de province où je suis passé ses dernières années pour mener mes ateliers de création, ou présenter mes livres, se trouve désormais un tram (en chantier, et la ville en désordre, ou terminé), que ce soit à Brest, à Marseille ou bien encore à Montpellier. Même si aujourd’hui la tendance se ralentit car l’on se rend compte qu’il s’agit d’une mode qui coûte cher.


À l’étranger aussi, à Barcelone comme à San Francisco.

Quand je pense au tram le souvenir de ma lecture du livre de Claude Simon, Le tramway, paru en 2001 aux éditions de Minuit me revient, dont voici un court extrait :

« Entouré de tous côtés par l’anarchique tissu urbain au sourd grondement, l’hôpital, avec ses pavillons identiques, sauf deux ou trois plus récents d’un modernisme cru, ses cours monacales et silencieuses, constituait une espèce d’îlot noyé au milieu du tumultueux et fragile désordre comme une sorte d’entité en soi, d’univers en réduction, fermé sur lui-même, ripoliné et fini, du service d’obstétrique à la morgue, offrant comme en raccourci (ou en condensé) les successifs états de la machine humaine de la naissance à l’agonie en passant par toutes les déviations et anomalies possibles jusqu’à sa définitive corruption. »


Reportage photo sur le chantier du tram près du Canal de l’Ourcq, entre Paris et Pantin, entre novembre et décembre 2012 :

Le Tram : un oeil sur le chantier

Sur le site qui accompagne le projet du Tramway T3 Paris Nord-Est je retiens cette définition du chantier :

« Un chantier est une période nécessaire pour qu’un projet d’amélioration de la vie quotidienne puisse éclore. Il génère inévitablement des nuisances, mais celles-ci sont limitées et tout est fait de manière à prendre en compte au mieux les besoins de tous. »

Tramway T3 Paris Nord-Est : Pour chacune des 46 stations desservies, il a composé des annonces sonores constituées d’une musique et d’une voix qui préviendra les voyageurs de l’arrivée à quai du tramway. Plusieurs centaines de voix ont été enregistrées : voix d’adultes et d’enfants, féminines et masculines, avec ou sans accent, connues et inconnues.


Olivier Cadiot et Pierre Alferi, avec la complicité du graphiste Cédric Scandella, ont par exemple composé 17 pages de poèmes urbains que les voyageurs pourront lire sur les parois vitrées des stations du tramway. À lire à ce sujet, la très belle description de cette œuvre par Stéphanie Eligert sur le site Sitaudis : Les stations de tramway de la ligne T3 (Porte de la Chapelle / Porte d’Ivry), Pierre Alferi, Olivier Cadiot, Cédric Scandella.

« Aujourd’hui, la présence du périphérique n’a pas disparu, mais elle a reculé d’au moins 50 mètres. La large bande de gazon, qui constitue la voie de circulation des tramways, par une vertu microclimatique qui lui est propre, semble désormais élever contre le dit bloc d’air gris une barrière de protection délicate – une délicatesse qui s’explique tout autant par la douceur technique de la circulation d’un tramway (qui, curieusement, tient moins du train, que d’un mélange voiture / avion) que par le gazon et ce fait que la terre en dessous, en retenant l’humidité, produit physiquement une masse d’air autonome. »


Ils se sont inspirés de textes existants, d’expressions glanées dans la rue ou dans des lieux de vie (bars, métro, bus etc…).


Pour en savoir plus sur l’œuvre et les artistes, rendez-vous sur le nouveau site de la démarche artistique.


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