Une série de douze ateliers d’écriture durant le premier semestre des étudiants en deuxième année de Sciences Po, ayant pour but de procéder à l’écriture collective d’un récit numérique à partir des images de Google Street View sur Google Documents et le blog Le tour du jour en 80 mondes.
Les objectifs pédagogiques et les contenus des ateliers artistiques sont définis en adéquation avec le projet éducatif de Sciences Po : développer l’imagination créative, le sens de l’observation, l’analyse critique, la capacité à s’exprimer en public et à argumenter ; l’aptitude à la prise de responsabilités et à l’autonomie, la faculté à susciter une pensée originale et décentrée et le sens du collectif.
Ces enseignements invitent les élèves à s’interroger sur les arts en tant que moyens d’étude, d’approfondissement et de représentation des enjeux contemporains. Ils cherchent, en outre, à stimuler la sensibilité, les facultés de communication et l’acuité intellectuelle de nos étudiants, lesquels sont encouragés à libérer leur imaginaire, à explorer leurs capacités d’expression écrites, orales, sensorielles, corporelles, la connaissance d’eux-mêmes et de l’autre.
Travailler selon des instructions différentes à chaque atelier, pour écrire des textes, micro-fictions sur le lieu et le lien qu’on entretient avec lui. Utiliser les outils du net pour arpenter la ville autrement. Il s’agit d’une « nouvelle manière de découvrir la ville, écrit Nicolas Nova, en hybridant un espace physique (les lieux) et virtuels (des histoires, des fictions) pour produire ni plus ni moins des légendes urbaines. »
Atelier du jour :
Réaliser une carte interactive à partir de Google Maps en géolocalisant toutes les captures d’images réalisées lors de l’atelier élaboré à partir de Google Street View.
Carte de 2011 :
Carte de 2012 :
Carte de 2013 :
Vous êtes ici :
« Vous êtes ici » est une mention traditionnellement portée sur les cartes implantées à un endroit fixe, afin d’indiquer la position de la carte sur l’espace qu’elle décrit. Toute personne lisant la carte étant nécessairement au même endroit que celle-ci, cette indication permet aux lecteurs d’appréhender rapidement leur position sur la carte, et donc de déterminer plus facilement leur itinéraire pour atteindre leur but.
On le trouve typiquement sur les plans de ville, de réseaux de transport en commun, de bâtiments.
C’est l’équivalent du fil d’Ariane dans les interfaces informatiques.
Il a d’abord une utilité pratique, mais peut aussi servir à favoriser l’immersion.
Sur les plans de métro ou de bus, le pictogramme "ici" permet de s’orienter. Comme toute information extraite d’un ensemble, non reliée à d’autres informations, le pictogramme isolé se vide de sens. L’ironique pochoir ne sera d’aucune utilité au passant perdu qui pourrait même se mettre en colère contre celui qui se paye sa tête. Détourné, le petit dessin est une plaisanterie surréaliste.
« Chaque lecture est un parcours ; un parcours double aux voies imbriquées : celui dans l’univers du texte et celui dans l’espace matériel qui en permet l’existence – le livre ou l’écran. L’expérience de ce parcours dans le texte imprimé, est balisée par les contraintes matérielles du livre, espace de déploiement du texte dont l’écriture s’inscrit dans l’assimilation de ces contraintes. Que nous dit alors l’espace numérique de cette expérience ? Qu’imposent les contraintes et les possibles du système écran-souris-logiciel au parcours de lecture et à l’écriture du texte ? Comment donner à lire les fils qui relient ces expériences inédites de lecture à ce qui les rend historiquement possible ? Que nous dit cette transformation de notre façon d’être au monde ? »
Luc Dall’Armellina et Annick Lantenois - 2004
« Chaque époque rêve la suivante. Mais en rêvant, elle s’efforce de se réveiller » disait Michelet.
Au travers du dispositif de diffusion DCODD, et de la playlist de vidéos géolocalisées que j’y ai diffusées durant l’été 2009, éclate dans l’espace urbain les plans d’une ville à inventer, maquette à monter, mosaïque d’images et bande son associées pour déchiffrer les figures équivoques du rêve propre à notre époque, qu’il appartient au spectateur d’associer et de combiner librement : flux, transports, couleurs, mouvement, traces et écarts, reflets et miroirs, temps, regard. C’est cette ambivalence qui fait d’ « Ici même si », sous sa forme fragmentaire, sa « féérie dialectique », un hommage à Paris, son architecture et ses écrivains. Une autre manière de lire la ville.
Ces vidéos montrent en effet les places de Paris recomposées façon puzzle, selon le principe du jeu sérieux des Situationnistes. « Aux quat’ coins d’Paris qu’on va l’retrouver éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. » Chaque film propose en effet à voir une place d’une manière nouvelle, inédite, il invite à la déambulation, invente un nouveau lieu par le jeu, la dérive et le détournement, par la création de liens inédits entre les plans, les quartiers et les fragments de textes sur la ville, détournés qui se font écho et correspondance (le détournement prend la forme d’un pillage créatif de phrases ou de bribes de phrases issues de textes sources dont les références ne sont pas explicitées).
À lire également : Vous êtes ici, blues du béton, comme l’a décrit sur Twitter Lucien Suel (Stuck inside The City with the Concrete Blues again), composé à partir de fragments de textes des élèves de l’atelier d’écriture.