Je n’ai pas eu souvent peur en ville, on me demande s’il m’est arrivé de me perdre, cela m’est arrivé une ou deux fois, et j’entends peur au lieu de perdre, je parle de la peur, la peur de se perdre en ville, ce qui me revient en mémoire avec la force inattendue d’un coup au cœur, un direct au plexus qui vous coupe le souffle, vous terrasse de douleur, (...)
Un oiseau est entré par accident dans ta chambre. Un pigeon. Il faisait chaud, tu avais laissé les fenêtres de ton appartement grandes ouvertes, pour faire entrer un peu de la fraîcheur de l’air du jour déclinant. L’animal s’est cogné violemment contre le mur opposé, battant des ailes, affolé, en perte de repère comme de vitesse, puis il s’est posé en (...)
Un réseau de tunnels caché sous l’étendue de la ville qui n’est pas celui qu’on connait, avec ses bureaux, ses centres commerciaux, ses stations de train ou de métro et ses cinémas situés sous le niveau de la rue. Une ville sous la ville, une ville qui dédouble la ville. Une ville souterraine dans la partie la plus dense de la ville, dans son (...)
Sur la place de la Grande Mosquée, le bruit de l’océan dont les déferlantes se brisent dans un nuage brumeux qui surplombe la jetée. Coups de sifflets répétés. Il y a un langage du sifflet comme une langue des coups de klaxon, mais parfois l’erreur se glisse dans les propos et leur compréhension par les autres. Le gardien à l’abri dans sa guitoune en (...)
« On se tourne vers le monde, on se tourne vers soi. » Quelque chose noir, Jacques Roubaud
Basculer du jour à son reflet de l’autre côté de la nuit. Dans le noir. D’un bleu très noir. Dans le noir d’une nuit interminable. L’époque est frontale, sans concession. L’affrontement, inévitable. Un rien peut déclencher l’étincelle fatale. Mais c’est à petit feu (...)
Je voudrais avoir la capacité d’arrêter le temps, ce pouvoir d’immobiliser les êtres, les animaux, tout ce qui est en mouvement, les voitures, les vélos, les trains. Voir les choses sous tous les angles en même temps, modeler ainsi leur image dans mon esprit, avoir d’eux une vue complète, autour de laquelle je puisse tourner, dans une vision giratoire (...)
Tu allumes une cigarette, tu ne fumes pas souvent mais lorsqu’il y a des amis à la maison, au restaurant après un agréable repas accompagné de bons vins, un café appelle une cigarette, à chaque fois que tu en allumes une je suis surpris, je n’ai pas l’habitude car je ne fume pas, ce geste me paraît toujours incongru, artificiel, un geste (...)
« Arrivant à un de mes recoins favoris qui combinait magiquement un libre flot de soleil avec la protection des arbrisseaux, je me mettais complètement à poil et m’étendais sur le dos sur la couverture, plaçant mon maillot inutile sous ma tête. Grâce au bronzage qui me couvrait entièrement le corps (de telle sorte que seuls mes talons, mes paumes et les (...)
Frank Smith met régulièrement sur son profil Facebook des photographies, souvent il ajoute juste une phrase, mais ne site rarement l’origine de la photographie. Comme ces photographies sont souvent très belles et étonnantes, je fais une recherche sur Google Images et trouve généralement très rapidement l’origine de l’image. Hier par exemple, il (...)
Le roulis des wagons du train, bercé par la vitesse constante, la monotonie des images qui défilent derrière la vitre, du mal à les fixer, la chaleur ambiante, étouffante, le bruit par toutes les fenêtres ouvertes pour laisser entrer l’air, tout nous invite à somnoler, les yeux deviennent lourds, il faut les fermer, et l’on s’endort rapidement.
Les (...)