Une nouvelle version du 14ème ouvrage paru sur Publie.net "En avant marge" a été mise en ligne le 11 septembre 2011. Il s’agit de la troisième version. Une version complètement remaniée, avec une version ePub enrichie de plus de 170 fragments supplémentaires. Comme le rappelait François Bon dans son article la mise à jour permanente, une des révolutions douces de l’édition numérique, En avant marge fait partie avec Les Anticipations d’Arnaud Maïsetti, Insulaires de Laurent Margantin, et Christine Jeanney, avec sa Todo list, de ces ouvrages sous forme de work in progress qui permettent l’ouverture d’un espace neuf : « des rendez-vous privilégiés, à mesure de versions révisées de l’ouvrage en cours (ainsi, Après le livre a connu 7 mises à jour de mars à juillet, et merci à tous ceux qui ont accompagné ce chemin), chantier que marque le livre numérique, mais se prolonge en permanence dans le site de l’auteur, et une forme à explorer en tant que telle. »
Pour mémoire :
La première version (PDF, MOBI, novembre 2008) : 101 poèmes, avec une couverture de Philippe de Jonckherre.
La seconde version (PDF, MOBI, 2009) : 101 poèmes avec nouvelle mise en page et couverture de Philippe de Jonckherre. Pour l’occasion et pour ce magnifique travail réalisé amicalement par Philippe De Jonckheere, je vous propose de télécharger gratuitement cette version en pdf.
La troisième version (PDF, EPUB, septembre 2010) : 270 poème avec nouvelle mise en page et couverture de Pierre Ménard (Prix 1,99 €).
J’ai commencé en janvier 2005 le podcast de lectures versatiles Page 48 en proposant aux internautes une sélection de pages provenant d’ouvrages que j’affectionnais tout particulièrement, depuis cette époque c’est plus de 330 lectures qui ont été mises en lignes, tout d’abord sur la plateforme Blogger, et depuis janvier 2010, sur Liminaire.
Une série de lectures de livres de différents genres (roman, poésie, essai), mais une seule page, la page 48, devenue réécriture orale collective, redessinant, via contribution de chacun, un paysage bis, une anthologie de ce qui nous rassemble, de ce qui compte.
Ce projet s’inspire d’un texte de Joe Brainard, I Remember , dans lequel l’auteur américain évoque ses souvenirs à partir d’une formule récurrente lui servant de leitmotiv ou de ritournelle et dont s’inspirera ultérieurement Georges Perec en publiant Je me souviens : « Je me souviens d’avoir projeté de déchirer la page 48 de tous les livres que j’emprunterais à la bibliothèque publique de Boston mais de m’en être vite lassé. »
Pour chaque lecture de page 48 mise en ligne, j’ajoute une vignette de la page en question et j’écris un court texte, un poème liminaire, à partir de 48 mots de la page lue. Un premier ensemble de ces textes a été diffusé sur Publie.net, coopérative d’auteurs pour la littérature numérique : en avant marge.
« Le parcours de ces blocs d’écriture forme une lecture entre les lignes des livres de chevet, écrit François Bon, qui nous accompagnent au quotidien, et dont on n’achève jamais vraiment l’inépuisable lecture.
Le livre présenté ici est constitué des blocs issus de ces lectures versatiles : un livre est tout entier contenu dans une de ses pages. Ces blocs tissent entre les lignes espacées de nos lectures, les trames d’un récit chaque fois renouvelé, son écriture en marge.
Mais après, un autre enjeu : la bibliothèque contemporaine où Pierre Ménard puise son présent, il la rejoue dans l’univers web des montages, textes audio, journal en ligne de son liminaire.fr. Ce que nous jouons dans et par l’ordinateur, c’est l’héritage et l’engagement présent de ce que nous devons à cette bibliothèque. »
Extraits du texte :
Une fiction
Le texte est une fiction au service du sens. Par un supplément de simulacre et de fermeture qui semble s’engager avec la transformation du dehors. Une autre mise en place. Par exemple le jeu, le travail de cette feinte. Il n’y a rien hors du texte.
Au bout du monde
La chaleur et l’odeur aussi. Encore la chaleur, au bout du monde, dans ce fouillis, au milieu des mauvaises herbes, une vie à part. Si nous avions marché, une profusion de relations, de liens et autres détails. Combien de significations, des combinaisons infinies. Rentrer oui. Assez oui.
Le bruit derrière la vitre
Le bruit derrière la vitre qui en général les dissuade, c’est d’ici chaque fois, au-dessus de votre tête. Quand on s’en va, fermeture automatique. Le coup de sifflet, par quoi on sait. Cela doit être gris ce qu’on voit côté voie, formes découpées.
Un mauvais piano
Il fait sombre, les vitres sales. Un air banal, à tâtons sur un mauvais piano. Un âpre bruit de fond dans le silence. L’éclat d’un coup de griffe protégé par la fenêtre faiblement éclairée. Les nuages rouges. La nuit, l’air humide. On est bien ici.
Ces solitudes
Dépêcher, réviser, rentrer encore, être ici et là. Lire, ramasser, rassembler, faire son travail. Rabotage du récit à vider. Préparer, conduire. Harassante fatigue, quelques problèmes, une sorte de désespoir. Ne plus rien faire par ces solitudes, goûter un peu, beaucoup à reprendre. Résultats escomptés, tenir et me coucher.
Une nouvelle version est désormais disponible, proposant une lecture non-linéaire grâce à Julien Boulnois et Gwen Catala, en ligne sur Publie.net, offrant la possibilité comme pour les magnifiques Faits divers de Félix Fénéon, avec ses 1210 nouvelles en trois lignes de lire les 270 poèmes liminaires d’En avant marge dans le désordre. Une page se tourne, mais au hasard...
À noter également, Sylvie Tissot a mis en ligne, à la sortie de la nouvelle version de l’ouvrage, ce qu’elle appelle une interprétation quantique de "En avant marge." Découvrez-là sur son site.