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Au lieu de se souvenir (Semaine 26 à 30)

Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux.

« Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ».

Jorge Luis Borges, Fictions


La lumière à la fenêtre. La nuit à la fenêtre. La première lueur de l’aube est suspendue, diffuse, adoucie, sans ombre. À travers les voyages, à travers les songes, les points et les blancs, les prémonitions et les nostalgies. Disons, pour faire bref, que les découvertes apparaissent comme évolutives et que les recherches sont loins d’avoir épuisées toutes les possibilités de surprises. Dans l’ombre puis dans la clarté, refus et fureurs, douceurs et regards. L’important sera le visage (pour la photo), s’il a un sosie changer quelque peu le visage. À un moment, ce n’est plus soi, ce n’est plus l’autre. Les os se détachent un à un. Je ne veux plus être sensible qu’aux douleurs.

Les accrocs disent mieux le temps qui nous a faits ce que nous sommes. Une main dans la poche, un caillou tout au fond, comme un caillot. Tu m’as dit cette fois encore : Personne ne peut ni ne doit chercher une logique dans l’enchaînement des événements. Dans sa continuité inachevée ou son inachèvement continu, son seul sens. Chaque phrase comprise comme boîte de dialogue. Cette vague qui nous emporte au loin, l’un si près de l’autre. Cela ne se voit pas au premier coup d’œil. Révéler, fixer le silence. En repassant par des paysages déjà parcourus. De la lumière manque, temps gris. Ce qui se passe : À quels carrefours de flux visibles se trouve-t-on ?

On ne peut inventer aucune exaltation, ni celle de la couleur, ni celle des mots. Tout le temps perdu ne se rattrape plus. Suggérer à la fois le brouhaha des choses et les cris émis par une gorge humaine, donc confondre le sujet et l’objet, l’intérieur et l’extérieur. Autrement dit, donner à entendre au creuset du langage, la rumeur du monde dans la rumeur d’une âme. Par sa spontanéité, son jaillissement irrépressible, son innocence. Du coup et dans le même mouvement, détruire et fait renaître entre les mots, les choses usées par l’habitude et qu’on ne voyait plus. Le tic-tac de l’horloge dans la nuit est comme le bruit monotone d’un train subtil, d’un train qui bouge, d’un train qui avance.

On imagine sans mal que ce lieu que nous aurions toutes les peines du monde à traverser sans en changer l’agencement, est bien un terrain miné. Personne n’a remarqué mon absence, ni cette déflagration proche. J’écoute, j’entends du silence et c’est en dessous l’image versée de la nuit. C’est comme une panne de son, un arrêt sur image, un arrêt de ce temps qui vous emporte et vous défait, et quelque chose surgit, qui était déjà là. le monde et son miroir, et cet espoir dans le miroir. L’essentiel est en mille morceaux. Le bruit, la lumière du monde qui est ton souffle. Un rien suffit. Le craquement d’une allumette, le rire de personne. Et c’est le monde rempli d’un sens nouveau. Mais la comparaison s’arrête là.


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